Violences : pourquoi les Français échappent au « syndrome Clint Eastwood »

Des affiches de Thomas Perotto, tué d'un coup de couteau à la sortie d'une fête à Crépol (Drôme) dans la nuit du 18 au 19 novembre, placardées à Romans-sur-Isére.  - Credit:Mourad Allili/Sipa
Des affiches de Thomas Perotto, tué d'un coup de couteau à la sortie d'une fête à Crépol (Drôme) dans la nuit du 18 au 19 novembre, placardées à Romans-sur-Isére. - Credit:Mourad Allili/Sipa

Cela pourrait aussi arriver en France, mais quand ? À chaque attentat ou fait divers tragique, chacun se pose la question, en redoutant le pire ou en l'espérant – selon ses bénéfices politiques. En proie à la colère, à la lassitude et à un profond sentiment d'injustice, les Français pourraient-ils, à leur tour, céder à la volonté de se faire justice eux-mêmes et s'en prendre à une minorité jugée complice d'un attentat ?

Refuser la justice légale pour, comme dans un film de Clint Eastwood, régler un préjudice selon l'expression « œil pour œil et dent pour dent » ? Un scénario à la Dublin est dans toutes les têtes, chaque fois qu'un meurtre est commis au nom de l'islam, que « l'assaillant » a un statut de réfugié ou que des agresseurs de nationalité française, comme à Crépol, ont des origines étrangères.

Le citoyen attaché aux institutions retient alors son souffle et, à la fin, constate que les choses tiennent bon. Pour l'instant. Car le Français est résilient. Fait une distinction entre les uns et les autres et n'a pas besoin de cette injonction morale à ne pas faire d'amalgame pour comprendre qu'un compatriote musulman n'a rien de commun avec un terroriste de Daech. De même, tout dans son attitude, de son refus de la violence mimétique à sa foi dans les institutions – non sans critiques –, montre qu'il n'adhère pas à la thèse d'une guerre des civilisations entre Islam et Occident à l'intérieur même de la société.

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