Dans le village colombien d’Itagüí, on manifeste au lit et en pyjama

À deux places, à baldaquin, tropical ou cousue de boules de billard… Chaque année, le petit village d’Itagüí célèbre la Journée mondiale de la paresse en Colombie, avec comme point d’orgue un défilé de lits à roulettes qui traversent la ville en liesse pour le plus grand plaisir de leurs propriétaires en pyjama.

À première vue, le défilé réalisé dimanche 21 août dans cette commune accolée à Medellín pourrait sembler entrer en contradiction avec l’esprit de la région d’Antioquia, connue pour son dur labeur et ses colons habitués à surmonter les problèmes à force de travail.

Mais c’est en fait une forme de catharsis, d’après ce qu’explique à la chaîne locale Telemedellin Santiago Aguilar, assis sur son lit en pleine rue :

“Il s’agit de donner libre cours à la paresse pendant un jour, car ce ne peut pas être tous les jours ! […] Les autres jours, on travaille comme des verracos (‘sangliers’)” !

Née en 1985 dans cette ville prospère, la célébration se voulait à l’origine un acte de protestation face au manque de moyens attribués à la culture et une invitation au repos, pilier fondamental de la créativité.

Mais aujourd’hui, d’après ce qu’explique à Telemedellin le créateur de l’événement, Carlos Mario Montoya, ce n’est plus pareil :

“Nous considérons que la paresse est le moteur du progrès, quand vous avez la flemme de cuisiner, vous allez au restaurant ; quand vous avez la flemme de vous laver, vous achetez une machine à laver.”

Un esprit quelque peu contradictoire que reflète par exemple le gentilhomme bourgeois grognon et allongé sur un lit à carreau qui traverse Itagüí poussé par quatre serviteurs. Et qui ne se réveille que pour “travailler” en passant quelques coups de fil du téléphone fixe accroché à sa table de chevet.

On y trouve aussi des tentes de camping et les traditionnels jeux de billard.

Et, récemment, la ville au climat tempéré et à la végétation luxuriante a mis à jour sa programmation pour y inclure des concours de déguisement de mascottes, du body painting et même une soirée techno, pour conclure cette Journée de la paresse haute en couleur qui prend chaque fois un peu plus d’ampleur.

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