“Ma vie solitaire d’étudiante à New York”

Franziska Sittig, 22 ans, a commencé cette année un master de politique européenne à l’université Columbia, à New York. Elle s’intéresse depuis longtemps déjà aux répercussions des études supérieures sur les relations humaines.

J’aurais pu écrire ces lignes dans un café chic des environs de Central Park ou dans le salon d’une coloc avant-gardiste, comme on en trouve des tas dans les quartiers de Greenwich ou Tribeca. En réalité, je suis assise à un tout petit bureau, où j’ai à peine la place de poser mon ordinateur, dans une chambre minuscule, quelque part dans le nord de New York.

Je suis actuellement un master dans l’une des villes les plus fascinantes du monde, mais la vie à New York est loin d’être aussi étincelante et glamour qu’on pourrait le croire. Jusqu’à maintenant, New York m’a superbement snobée. Les rues sont remplies de gens pressés qui se croisent sans s’adresser un mot, et je ne me suis encore jamais fait inviter à une soirée par un riche New-Yorkais de Wall Street, façon Sex and the City.

Une installation mouvementée

En guise de comité d’accueil, j’ai eu droit à un coloc complètement shooté, venu à ma rencontre en boitillant dans le couloir de mon nouveau logement. L’appartement, sombre et imprégné d’une odeur de renfermé, ressemblait plus à un décor de train fantôme qu’à une colocation. Mon coloc portait – sans aucune raison apparente – un chapeau de cow-boy dans le dos et une guitare à la main. Bon, j’ai vite compris qu’il tenait davantage du hippie sur le retour que du baron de la drogue.

J’ai tout de même vécu cette première semaine dans un sentiment d’angoisse permanente. Chaque fois que je devais traverser le couloir séparant ma chambre de la salle de bains, je retenais mon souffle, ne respirant de nouveau qu’après avoir verrouillé la porte. La même scène se jouait au retour. C’est seulement après avoir installé sur la porte de ma chambre le verrou acheté chez Walmart que j’ai retrouvé un semblant de sérénité.

Cette situation ne pouvait évidemment pas durer. Alors il y a quelque temps, j’ai déménagé chez une vieille dame très gentille. Elle m’appelle “mon petit cœur”, me laisse dormir avec son chien, et m’apporte tous les jours des brownies de chez Trader Joe’s (le Aldi local, à ceci près qu’on y trouve des bidons de lait dix fois plus gros et du pain que personne, chez moi, n’oserait qualifier ainsi).

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