"Sa vie a été arrachée": le témoignage des frères et sœurs d'Estelle Mouzin au procès de Monique Olivier
Nouvelle séquence forte en émotion au procès de Monique Olivier, soupçonnée d'avoir été la complice du tueur en série Michel Fourniret. Ce mardi 6 décembre s'avancent à la barre les frères et sœurs d'Estelle Mouzin, disparue l'âge de 9 ans en Seine-et-Marne et victime présumée du tueur en série.
L'avocat de la famille Mouzin commence par la lecture d'une lettre de Lucie Mouzin, grande sœur d'Estelle. Vivant à l'étranger, elle y décrit une sœur "très belle", "avec de grands yeux verts" qui aimait "faire rire ses camarades" et "faire le clown". Pendant la lecture, des photos de l'enfant sont projetées dans la salle d'audience.
Après la disparition, elle explique avoir passé "vingt ans à essayer de ne pas imaginer Estelle violée, torturée, morte". "Tout mon être est en souffrance pour Estelle et j'en suis malade. Vous nous avez arraché Estelle, vous avez été une active participante aux actes odieux perpétrés contre elle", écrit-elle, en s'adressant à Monique Olivier.
"Une partie de ma vie qui m’a été enlevée"
Arthur Mouzin, grand frère d'Estelle, a lui fait part de son sentiment de "culpabilité profonde". Vivant avec son père et sa nouvelle compagne au moment des faits, il n'était pas là quand sa sœur a disparu.
"C’est une partie de ma vie qui m'a été enlevée", regrette-t-il, avant de dénoncer la "facilité avec laquelle la femme que vous jugez et son binôme se sont joués des services de police et de gendarmerie".
Estelle Poisson, demi-sœur par alliance d’Estelle, est aussi entendue. "J’avais 9 ans comme elle. Même âge, même prénom. Au début, ça faisait rire nos parents. Puis c’est devenu une charge. Qui serait-elle devenue? Serait-elle tombée amoureuse? Aurait-elle voyagé?", s'interroge-t-elle.
"Tout cela, nous ne le saurons jamais. Car sa vie a été arrachée. Ma vie à moi n'est plus de vivre avec une sœur, mais avec une ombre", lâche-t-elle.
"Depuis 20 ans ces monstres se sont bien sûr invités dans mes cauchemars et fait couler les larmes. L’accusée ici a fait le choix d’être une actrice de l’horreur", ajoute Estelle Poisson en désignant Monique Olivier.
"Une carapace pour survivre"
Yann Poisson, demi-frère d'Estelle, avait 11 ans quand on lui a "pris sa sœur". "Nous avons vécu plusieurs jours, sans toucher terre, dans une espèce de brume", se souvient-il. "Je me suis construit une carapace pour survivre (...) Nous savons maintenant que notre enfer n’est rien par rapport à l’enfer qu’à vécu Estelle", déclare-t-il.
Yann Poisson témoigne aussi avoir été victime d'un pédocriminel dans son enfance. "Estelle ça aurait pu être moi (...) j’aurai pu subir le même sort que ma sœur et ne jamais plus revoir la lumière du jour". "Nous demandons la vérité tout court et la perpétuité perpétuelle pour cette femme", conclut-il.