Victoires de la Musique: Aya Nakamura dénonce des "préférences" dans les artistes récompensés

Nommée parmi les "hommes de l'année" 2023 par l’édition française de GQ, la chanteuse est revenue dans les colonnes du magazine sur le snobisme des cérémonies musicales à son égard.

Si elle est l'artiste féminine la plus écoutée en France en 2023 avec 7 millions d'auditeurs mensuels sur Spotify, Aya Nakamura est pourtant fréquemment snobée par les cérémonies musicales dans l'Hexagone.

Sélectionnée parmi les "hommes de l'année" 2023 par l’édition française de GQ, aux côtés de François Civil, Léna Situations et Seb la Frite ou encore Panayotis Pascot, la chanteuse en a profité pour revenir sur sa défaite aux Victoires de la Musique en 2020 et dénoncer les "injustices" du processus de sélection des gagnants.

"Je pense qu’il y a beaucoup d’injustices concernant les Victoires. Mais je ne vais pas m’étaler dessus parce que je pense qu’il y a des choses qu’on sait déjà. Il y a des préférences. Je pense qu’il y a un quota", confie-t-elle à GQ.

"Je n’étais pas contente le jour où j’ai perdu, je ne comprenais pas pourquoi je n’avais pas gagné. (...) Je ne faisais pas partie du quota sélectionné. Et le fait que je sois la meilleure ou pas, que je sois numéro 1 ou pas, n’y a rien changé", poursuit Aya Nakamura.

"Elle devait gagner"

Nommée aux Victoires dans la catégorie "meilleure artiste féminine" en 2020, Aya Nakamura, alors en pleine ascension avec son album Aya, avait toutefois perdu face à la chanteuse Pomme.

Cette défaite a été difficile à accepter par l'interprète de Pookie mais également par Pomme, qui avait confié à l'époque sur le plateau de Clique s'être sentie "mal à l'aise" de gagner face à Aya Nakamura.

"Ça fait des années qu’elle vend des millions d’albums dans le monde entier et que personne n’est capable dans l’industrie de la musique de lui donner du crédit. (..) Elle devait gagner (...). Elle fait vivre toute l’industrie, elle est toujours nommée", avait alors souligné Pomme.

La chanteuse avait également dénoncé le "racisme institutionnel" au sein du monde de la musique: "une meuf noire qui ne vient pas de Paris centre et qui n’est pas un peu de base privilégiée dans la vie n’est pas considérée pareille qu’une meuf comme moi. Moi, quand j’arrive dans un endroit, on ne me demande pas d’où je viens."

"(Je suis) une renoi qui a grandi avec des codes sociaux différents. Je viens de la banlieue, et ensuite j’ai grandi à Paris. (...) Et je pense que certains n’ont jamais vu de renoi comme moi. (...) Je crois que la plupart des bourges qui m’écoutent, se disent 'Aya, c’est une vieille meuf'. Alors qu’en vérité j’ai même pas leur time", a réagi Aya Nakamura pour compléter les propos de Pomme.

Manque de représentation

Depuis plusieurs années, les Victoires de la Musique sont souvent pointées du doigt pour le décalage entre leurs nommés et les artistes populaires dans les charts en France ainsi que pour la redondance des artistes récompensés chaque année lors de la cérémonie.

Venu récupérer le trophée d'album le plus streamé (le seul qui ne fasse pas l'objet d'une pré-sélection par l'Académie) en 2022, le rappeur SCH avait notamment regretté en direct sur scène l'absence de rappeurs - genre pourtant le plus écouté en France - parmi les nommés des Victoires.

"Je vous l’avoue, je suis un peu gêné ce soir de tenir cette Victoire-là dans mes mains, sans les voir ici assis en face de moi, ces grands messieurs qui auraient mérité tout autant que les artistes ici présents de célébrer leurs victoires de la musique", avait-il confié.

Pour tenter de lutter contre ce manque de représentation, une cérémonie alternative, baptisée Les Flammes, a vu le jour à l'initiative des médias spécialisés YARD et Booska-P.

Lors de la première édition de l'événement en mai dernier au Théâtre du Châtelet à Paris, les artistes Gazo et Aya Nakamura ont ainsi été sacrés artistes de l'année. Une seconde édition de la cérémonie a d'ores et déjà été annoncée pour le 25 avril 2024.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - La Minute d'Aya Nakamura