La vice-présidente de la Ciivise, Caroline Rey-Salmon, visée par une plainte pour agression sexuelle

Nommée il y a moins de deux moins, la vice-présidente de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), Caroline Rey-Salmon, médecin pédiatre légiste et experte judiciaire, est visée par une plainte pour "agression sexuelle sur personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction", a appris BFMTV.com, confirmant une information de France info.

Une jeune femme de 25 ans a en effet déposé plainte, ce mardi 6 février, dans un commissariat de Marseille.

Des accusations que rejette Caroline Rey-Salmon. Sollicitée par nos confrères de France info, la vice-présidente de la Ciivise déclare "contest(er) l'intégralité des accusations" et ne souhaite faire aucun autre commentaire.

Selon le récit de la jeune femme qui l'accuse, cette agression a eu lieu lors d'un examen gynécologique en 2020. En décembre 2019, la jeune femme, âgée de 20 ans, porte plainte à la brigade des mineurs de Paris pour des faits d’inceste qu'elle affirme avoir subi dans son enfance, entre 2004 et 2009. Lors de l'enquête judiciaire, la brigade de protection des mineurs (BPM) l'oriente vers Caroline Rey-Salmon.

"J'étais terrorisée à l'idée de passer un examen gynécologique", raconte-t-elle. L'enquêtrice lui dit que la médecin est "spécialisée dans l'examen des enfants victimes".

"Elle a posé ses doigts sur moi"

Louison se rend l'hôpital de l'Hôtel-Dieu à Paris, le 27 juin 2020, pour être auscultée par la spécialiste qui dirige l’unité médico judiciaire pédiatrique. Le début de l'examen se passe bien, selon Louison, mais au bout de quelques minutes, Caroline Rey-Salmon lui dit qu'elle n'a "aucune trace de violences" et qu'il est "impossible qu'une enfant victime de viol vaginal n'ait pas l'hymen déchiré", selon le récit de Louison.

"Elle a remis en question ma parole en disant que je me trompais", raconte Louison, qui affirme que la médecin lui dresse un autre scénario : "L'agresseur n'est pas rentré, il s'était frotté contre mon sexe sans pénétrer". D'après la jeune femme, l'examen prend un tout autre tournant à ce moment-là.

"Elle a posé ses doigts sur moi, a fait des mouvements de va-et-vient et m'a demandé de fermer les yeux et d'imaginer que c'était le pénis de l'agresseur afin de me souvenir du mouvement exact qu'il faisait", décrit Louison.

"Je disais que je ne savais plus mais elle insistait: 'Si, allez, souvenez-vous, ce n'était pas plutôt ce geste qu'il faisait?'", poursuit la jeune femme dans son témoignage.

"Je suis restée sidérée"

Quatre ans après les faits que dénonce Louison, la scène traumatise encore la jeune femme: "J'étais tellement dissociée qu j'ai oublié la fin de l'examen et les jours qui ont suivi", explique-t-elle, avant d'ajouter : "Je suis sortie de cet examen traumatisée".

A l'époque, Louison n'est pas allée porter plainte, alors "que c'est justement dans le cadre d'une plainte que c'est arrivé", explique-t-elle. La jeune femme n'a même jamais eu accès au rapport de Caroline Rey-Salmon sur cet examen gynécologique, réalisé dans le cadre de la plainte déposée par Louison sur les faits d'inceste qu'elle dénonçait.

"Ca fait trois ans que le dossier est en attente, que la justice ne fait rien, alors que l'agresseur n'a pas nié les faits lors de sa garde à vue", poursuit Louison.

C'est le 14 décembre 2023 que le déclic est venu. Ce jour-là, Louison découvre la nomination de Caroline Rey-Salmon comme vice-présidente de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise).

"En voyant son nom, son visage, je suis restée sidérée. Je ne pouvais pas y croire. Je suis retournée lire ma convocation pour l'expertise médicale afin de m'assurer qu'il s'agissait bien d'elle", selon le récit de Louison.

"À quel moment une personne soi-disant formée dans la prise en charge des enfants victimes nous demande de fermer les yeux et d'imaginer que c'est l'agresseur qui est en train de nous agresser? A quel moment cette personne peut-elle se retrouver à la tête d'une commission censée protéger les enfants?", déplore Louison, qui espère que la médecin sera démise de ses fonctions.

Sébastien Boueilh, président de la Ciivise, a apporté son "soutien" à Caroline Rey-Salmon sur le plateau de Quotidien ce mardi soir: "il y a une justice, les réseaux sociaux ne sont pas un commissariat ou une gendarmerie. Si elle a porté plainte tant mieux, je pense que Caroline le fera aussi, la justice tranchera".

Article original publié sur BFMTV.com