Que veut dire “être à la maison” quand on vit à l’étranger ?

“Au fond, j’crois qu’la Terre est ronde

Pour une seule bonne raison

Après avoir fait l’tour du monde

Tout c’qu’on veut, c’est être à la maison”

Les paroles de la chanson La Terre est ronde du rappeur français Orelsan résonnent à mes oreilles. Un an après tout le monde, j’ai regardé Montre jamais ça à personne, la série documentaire consacrée à l’artiste et réalisée par son frère, Clément Cotentin – que j’ai adorée, un an après tout le monde. Les épisodes ont également été l’occasion de redécouvrir ce morceau que j’avais un peu oublié. Je l’ai fredonné pendant plusieurs jours, j’ai visionné le clip un certain nombre de fois… Bref, je suis sûre que vous aussi avez déjà vécu ce genre d’obsession musicale.

Retour aux sources

Je crois que les paroles me sont restées en tête car elles véhiculent un message tout simple et néanmoins profond. Orelsan exprime la nécessité de se sentir chez soi quelque part, de passer du temps avec ceux qu’on aime, de savoir apprécier ce qu’on a, de ne pas courir après le temps ou un bonheur illusoire nourri par la réussite matérielle. Un retour aux sources comme une quête d’authenticité. Et puis, bien sûr, il y a l’émotion qui monte lorsque le refrain est repris par la foule en concert, à l’unisson, comme une sorte de vérité partagée.

La Terre est ronde n’est pas la seule chanson française à explorer ce thème. De Francis Cabrel avec Les Murs de poussière à Georges Brassens avec Auprès de mon arbre, d’autres ont mis en musique les mêmes questions. Pourquoi partir de là d’où on vient ? Pourquoi faire le tour du monde, puisque finalement on n’a qu’un seul chez-soi ? Et là où Orelsan souhaite juste le réconfort de retrouver ses pénates, Cabrel s’est “brûlé les yeux” à quitter le bercail et Brassens est devenu “un pauvre type”, qui n’a “plus de joie” depuis qu’il s’est éloigné de son arbre. Partir, cela peut donc aussi être se perdre.

Fromage et garam masala

Mais le titre d’Orelsan m’a aussi accompagnée parce qu’il a déclenché chez moi des interrogations. Car, au fond, je sentais confusément que je n’étais pas vraiment d’accord avec son message. En fait, mon expérience m’a au contraire prouvé qu’on peut tout à fait se sentir chez soi ailleurs que là d’où on vient. Même lorsqu’on sait qu’on ne deviendra jamais un local ou une locale. Personnellement, c’est à Bombay que j’ai envie de rentrer après un déplacement professionnel ou des vacances. C’est là que j’ai construit ma vie, que j’ai un appartement, des amis, un travail et, last but not least, un conjoint. Je ne me sens pas indienne (ce serait une autre discussion), mais je me sens complètement chez moi à Bombay.

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