Vente à perte des carburants : François Ruffin dénonce une idée "nulle et ridicule"
Le député insoumis ne croit pas que la possibilité de vendre à perte l'essence fasse baisser les prix à la pompe. "À peine annoncée, l'idée est déjà mort-née", regrette encore l'élu qui appelle à taxer les super profits des distributeurs et de TotalÉnergies.
L'annonce a surpris et peine à convaincre. Élisabeth Borne veut permettre aux distributeurs de vendre à perte le carburant. La mesure qui n'aura rien d'obligatoire n'est pas à la hauteur pour la gauche.
"Ces mesures sont nulles et ridicules. On disait avant en France qu'on n'avait pas de pétrole mais des idées. Et bien maintenant, on n'a ni pétrole ni idée", a affirmé ce mercredi le député insoumis François Ruffin sur BFMTV.
"Les distributeurs n'en veulent pas, Total n'en veut pas"
La revente à perte du carburant est interdite en France depuis 1963. Mais face au prix du gazole, qui est reparti à la hausse ces derniers mois pour atteindre début septembre son plus haut niveau depuis le début de l'année, le gouvernement veut se montrer au travail.
L'exécutif veut également éviter de remettre la main à la poche. Bercy a gardé un mauvais souvenir de la ristourne en 2022 qui avait coûté 12 milliards d'euros pour une baisse à la pompe de 15 à 30 centimes par litre.
"À peine annoncée, l'idée est déjà mort-née. On voit déjà les distributeurs qui n'en veulent pas, Total qui n'en veut pas", a encore expliqué l'ex-journaliste.
"Un contrôle des marges" des entreprises comme TotalÉnergies
Les distributeurs qui sont invités ce mercredi à une table ronde à l'Assemblée nationale ne sont pas partants pour appliquer la mesure qu'ils estiment sans grand effet. La possibilité de vendre à perte permet, certes, de baisser le prix au litre mais avec une marge de manœuvre très limitée, d'à peine quelques centimes.
Bruno Le Maire lui-même ne semble pas convaincu. Le ministre de l'Économie a refusé de "s'engager sur un chiffre" de baisse à la pompe qu'il n'est "pas certain de tenir" sur France 2 mardi.
Les hypermarchés estiment par ailleurs avoir déjà pris leur part dans l'effort que leur a demandé Élisabeth Borne contre l'inflation. Intermarché propose par exemple des opérations de vente à prix coûtant ou en bloquant le litre à 1,99 euro comme TotalÉnergies.
"On ne va pleurer sur Total avec Monsieur Pouyanné (le PDG de Total NDLR) qui s'est augmenté de 52%. C'est là qu'on doit aller voir, vers le taux de gras des entreprises", a encore avancé François Ruffin, appelant à "un contrôle des marges".
La marge des raffineurs dans le viseur du gouvernement
En pleine hausse des tarifs des carburants, Patrick Pouyanné, qui a été fait officier de la Légion d'honneur en juillet dernier, s'est octroyé une augmentation de deux millions d'euros en 2022. Les actionnaires du géant pétrolier ont également versé 2,62 milliards d'euros à leurs actionnaires au titre de dividendes exceptionnelles. Le gouvernement a pour l'instant fermé la porte à toute contribution sur les super profits renvoyant la balle à la Commission européenne.
Une autre question pourrait bientôt arriver sur la table: celle de mesures supplémentaires sur les marges des raffineurs. Et pour cause, ces marges ont enregistré un rebond conséquent au cours des derniers mois.
En mars dernier, l'Union française des industries pétrolières indiquait déjà que la marge brute - c'est-à-dire la différence le prix d'achat du pétrole brut et le prix de vente du produit fini - avait atteint 101 euros par tonne sur l'année 2022... contre 14 euros en 2021.
Article original publié sur BFMTV.com
VIDÉO - Carburants : la vente à perte autorisée par Elisabeth Borne, une fausse bonne idée ?