Venezuela: Juan Guaido a demandé à l'Onu une aide humanitaire

Juan Guaido (photo) a écrit au secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres pour lui demander de l'aide face à la crise humanitaire qui frappe le pays. /Photo prise le 29 janvier 2019/REUTERS/Carlos Garcia Rawlins

NATIONS UNIES/WASHINGTON (Reuters) - Juan Guaido, qui s'est autoproclamé président du Venezuela par intérim, a écrit au secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres pour lui demander de l'aide face à la crise humanitaire qui frappe le pays, mais les Nations unies ont dit ne pas pouvoir agir sans l'aval du gouvernement du président Nicolas Maduro.

La campagne menée par les Etats-Unis pour faire reconnaître Juan Guaido comme chef d'Etat place l'Onu dans une situation délicate, au milieu de la division qui règne au sein de la communauté internationale sur la légitimité de Nicolas Maduro.

Maduro, dont le second mandat a débuté le 10 janvier après une réélection contestée par l'opposition en mai dernier, bénéficie notamment du soutien de la Russie et la Chine - membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu - et de plusieurs pays d'Amérique latine.

Dans une lettre adressée à Juan Guaido datée du 29 janvier, que Reuters a pu consulter mercredi, Antonio Guterres explique que les "Nations unies sont prêtes à accroître leurs activités au Venezuela en matière d'aide humanitaire et de développement" mais, précise-t-il, il faut pour cela "le consentement et la coopération du gouvernement".

Guterres ajoute qu'il se plie "aux décisions des organismes internationaux, particulièrement l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité" de l'Onu.

Le siège dont le Venezuela dispose aux Nations unies est occupé par un représentant du gouvernement de Maduro, qui nie l'existence d'une crise humanitaire et attribue les problèmes économiques du pays aux sanctions imposées par les Etats-Unis.

Le moyen le plus rapide pour priver le gouvernement Maduro de ce siège passe par le vote d'une résolution à l'Onu.

Mais une telle démarche aurait peu de chances d'aboutir, ont déclaré des diplomates, un projet de résolution pouvant faire l'objet d'un veto de la part de la Russie et de la Chine en qualité de membres permanents du Conseil de sécurité.

"Nous sommes certains qu'il y aura des résolutions appropriées au moment opportun, et nous les soutiendrons à coup sûr", avait dit samedi aux journalistes le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, en marge d'une réunion à l'Onu consacrée à la situation politique au Venezuela.

Ces résolutions "ne viendront pas seulement de nous, mais de tous les autres pays qui se préoccupent eux aussi du peuple vénézuélien", avait-il ajouté.

La Russie a dénoncé l'initiative des Etats-Unis et estime que Nicolas Maduro est le seul président légitime du Venezuela.

Juan Guaido, président de l'Assemblée nationale où l'opposition est majoritaire, s'est autoproclamé la semaine dernière président du Venezuela par intérim, demandant la mise en oeuvre d'un gouvernement de transition et de nouvelles élections.

Plusieurs pays européens, dont la France et l'Espagne, ont fait savoir samedi dernier qu'ils donnaient huit jours, soit jusqu'à dimanche, à Nicolas Maduro pour annoncer la tenue de nouvelles élections sous peine de reconnaître Juan Guaido comme président légitime du Venezuela.

(Michelle Nichols et Lesley Wroughton; Jean Terzian pour le service français)