Épisode de froid : si vous voulez aider les gens à la rue, voici les conseils des assos de terrain

SOCIAL - « C’est juste une présence, un regard, une boisson chaude l’hiver, une bouteille d’eau l’été. » Face à quelqu’un dans la rue, voici les premiers conseils de René. À 60 ans, ce bénévole de l’association La Balade des Lucioles fait des maraudes toute l’année, été comme hiver, dans le 13e arrondissement de Paris.

Ce soir du 10 janvier, les volontaires sont répartis en trois groupes. Celui mené par René va faire l’itinéraire qui passe par la Gare d’Austerlitz et finit à la Gare de Lyon (voir la vidéo en tête d’article). Ils sont une petite dizaine à le suivre, munis de sacs et de caddies. À l’intérieur, des boissons chaudes, des sandwichs, des plats chauds, des aliments secs, des fruits, des couvertures…

Créée en 2017, l’association, subventionnée uniquement par des partenariats privés et composée aujourd’hui d’environ 200 bénévoles, effectue plusieurs maraudes par semaine dans les 13e, 9e et 15e arrondissements de Paris. Sur le trajet vers la Gare de Lyon, le groupe peut distribuer jusqu’à 80 plats par soir, même si le nombre de « bénéficiaires » reste aléatoire.

Ce soir-là, les températures sont négatives, ce qui a poussé une partie des personnes croisées habituellement à ne pas rester dans la rue. Pour René, ce sont aussi les Jeux Olympiques qui approchent qui ont provoqué un « nettoyage » de la zone des quais de Seine. Certaines personnes et tentes ont été déplacées. « On espère qu’ils ont été mis à l’abri ailleurs », souffle-t-il.

Si comme ces bénévoles, vous souhaitez faire quelque chose pour les personnes qui dorment dans la rue, voici quelques conseils.

• Dire bonjour, engager la conversation

La première chose à faire est de dire bonjour, engager la conversation si la personne le souhaite. L’une des choses dont les personnes souffrent le plus dans la rue est le sentiment d’invisibilité. « Ne serait-ce que déjà de prendre en considération la personne. Lui dire bonjour, la regarder dans les yeux. Comme face à n’importe quel être humain », explique tout simplement René.

Tout en respectant bien sûr leur tranquillité. On ne va pas réveiller quelqu’un qui dort et qui n’a pas l’air en détresse ou bien qui a envie d’être seul. La première des choses, c’est de proposer et de ne pas insister. On évite aussi de se mettre en danger si la personne a l’air instable, alcoolisée ou agressive. Ce qui peut arriver, car de nombreuses personnes dans la rue souffrent de troubles psychiatriques et/ou d’addictions.

• Demander à la personne ce dont elle a besoin

Le plus simple est de demander à la personne si elle a besoin de quelque chose : une boisson chaude, une bouteille d’eau, des gants, une couverture, un plat chaud, des produits d’hygiène (serviettes hygiéniques ou brosse à dents, dentifrice), des sous-vêtements ou des chaussettes etc. Tout en n’hésitant pas à dire « non » si l’on ne peut pas accéder à sa demande.

Pour lutter contre le froid dans la rue, le « vêtement » le plus efficace pour les sans-abri reste la couverture de survie.

• Faire une liste des structures d’accueil

Chaque ville possède plusieurs structures d’accueil et d’aide aux gens sans-abri, de jour comme de nuit. Mais ceux-ci ne les connaissent pas forcément, ou ne sont pas au courant des conditions pour en bénéficier : refuges, abris de nuit, accueils de jour, nourriture gratuite, douches gratuites…

On peut rechercher sur le site de la mairie, par exemple, les coordonnées de ces services et les transmettre aux personnes concernées. Il est par exemple envisageable d’avoir sur soi une petite liste écrite de ces structures et de la distribuer lorsque les personnes sont intéressées.

Depuis 2014, l’association Entourage propose aussi une application qui liste les structures d’accueil, les résidents d’un quartier et les demandes des personnes dans la rue pour créer un réseau d’entraide.

Le site Soliguide répertorie aussi tous les services, initiatives et ressources pour les personnes qui rencontrent une difficulté. Seul hic : il faut avoir une adresse email.

• Quand appeler le 115 ou les pompiers ?

Le 115 est le numéro du SAMU social. lls effectuent des maraudes et on peut les contacter pour trouver une place d’hébergement en foyer. Mais ce service fonctionne au jour le jour et les places sont vite saturées. Aussi, de nombreux SDF ne souhaitent pas aller en foyer.

Le mieux est de demander à la personne concernée si elle souhaite que l’on appelle avant de le faire. Si vous voyez que la personne est blessée, en danger ou qu’elle risque de mettre quelqu’un d’autre en danger, les autres numéros d’urgence sont les suivants :

  • 112 (urgences générales partout en Europe depuis un portable)

  • 17 pour la police

  • 18 pour les pompiers

  • 15 pour le SAMU

• Les cafés ou repas suspendus

Depuis quelques années, le principe des « cafés ou repas suspendus » s’est développé en France : un client commande deux cafés (ou deux repas), mais n’en consomme qu’un seul. L’autre est mis à la disposition de la première personne dans le besoin qui entre et demande s’il n’y a pas un café « en attente », dont elle pourrait profiter gratuitement.

Née à Naples durant la Seconde Guerre mondiale, cette tradition solidaire s’est aujourd’hui exportée. Sur Internet, vous pouvez trouver des listes de ces cafés, restaurants ou boulangeries qui le pratiquent.

Seul petit bémol : ce geste ne provoque pas de lien social, puisque l’on ne rencontre pas la personne qui bénéficiera du café en question.

• S’engager auprès d’une association pour aider les SDF

De nombreuses associations proposent - même aux mineurs, pour certaines - de participer à des distributions alimentaires ou à des maraudes. « Durant les maraudes, il arrive que l’on crée des liens avec certaines personnes, qui deviennent des habitués et que l’on retrouve, souligne René. C’est ça qui est beau aussi, on crée un peu de confiance. »

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