Vaccination : le cri d'alarme de l’OMS et de l'Unicef sur les conséquences du Covid

Les deux organisations s'inquiètent d'une hausse de la défiance vis-à-vis des vaccins pour les enfants. La France ne serait pas épargnée.

Un jeune Kényan reçoit une dose de vaccin contre la malaria (Photo by YASUYOSHI CHIBA/AFP via Getty Images)
Un jeune Kényan reçoit une dose de vaccin contre la malaria (Photo by YASUYOSHI CHIBA/AFP via Getty Images)

C'est une des conséquences de la pandémie de Covid qui était malheureusement prévisible. Dans un rapport publié mi-juillet, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (l'Unicef) alertent sur un recul de la couverture vaccinale dans le onde depuis la pandémie de Covid. Au cours de la pandémie de Covid-19, la perception concernant l’importance de la vaccination infantile a diminué chez les habitants de 52 des 55 pays à l’étude.

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Ainsi, entre 2019 et 2021, le pourcentage d’enfants ayant reçu trois doses de vaccins contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche a diminué de 5 points. Cela veut dire que 25 millions d’enfants n’ont pas reçu une ou plusieurs doses de DTC rien que pour l'année 2021. Des enfants qui se retrouvent principalement dans les pays à revenu faible et intermédiaire, comme l’Inde, le Nigéria, l’Indonésie, l’Éthiopie et les Philippines.

Un recul de la couverture vaccinale dans le monde

Même conséquence pour d'autres vaccins comme le papillomavirus, contre lequel plus d’un quart de la couverture vaccinale qui avait été atteinte en 2019 a été perdu. Constat similaire pour les vaccins contre la rougeole, dont la couverture atteint le plus bas niveau depuis 2008 ou la poliomélyte. Les données publiées montrent la plus forte baisse ininterrompue des vaccinations infantiles enregistrée depuis une trentaine d’années dans le monde.

Parmi les raisons évoquées, "la progression des fausses informations et les problèmes liés à la Covid-19, à l’instar des perturbations des services et de la chaîne d’approvisionnement, la réaffectation des ressources à l’appui de la riposte et les mesures de confinement qui ont limité l’accès aux services de vaccination et leur disponibilité", précisent l'Unicef et l'OMS.

En France, perte de confiance à l’égard de la vaccination infantile de plus de 11%

Si en France on ne constate pas de recul sur la couverture vaccinale contre ces maladies qui font partie des onze vaccins obligatoires depuis le 1er janvier 2008, le Covid a aussi laissé des traces sur les campagnes vaccinales.

Ainsi, un rapport de l'Unicef publié en avril dernier relevait une perte de confiance à l’égard de la vaccination infantile de plus de 11% en France et de plus de 33% en République de Corée, au Sénégal ou encore au Japon après le début de la pandémie. Selon l'Unicef, en France, les personnes de moins de 35 ans et les femmes sont plus susceptibles d’être moins convaincues de l’importance de faire vacciner les enfants après le début de la pandémie.

"Un retour de l'hésitation vaccinale"

"Il y a un retour de l'hésitation vaccinale, on a une obligation de restaurer la confiance, mais on est encore loin de la situation antérieure aux 11 vaccins obligatoire, où l'hésitation était plus large", note le docteur Jean-François Pujol, pédiatre libéral et hospitalier en Gironde.

Avant le 1er janvier 2018, seuls trois vaccins étaient obligatoires : diphtérie, tétanos, poliomyélite. Depuis, onze le sont avec la coqueluche, le ROR (Rougeole, Oreillons, Rubéole), l’Haemophilus influenzae de type B, l’hépatite B, le pneumocoque et le méningocoque C en plus. Des vaccins qui étaient toutefois largement réalisés avant leur obligatoire.

"Davantage d'hésitations à faire vacciner que d'antivaccins purs et durs"

Mais globalement, relève le professionnel de santé, "c'est surtout pour les vaccins recommandés mais non obligatoires qu'il faut convaincre, qu'il y a des interrogations. Pour autant, il s'agit davantage d'hésitations à faire vacciner que d'antivaccins purs et durs. Pour les vaccins obligatoires en revanche, les parents sont globalement conscients des interêts au vaccin", poursuit le pédiatre.

"Si on prend, par exemple, la vaccination contre le Covid pour les enfants, on a une couverture en France très faible, qui peut traduire une certaine forme de méfiance vis-à-vis des vaccins non obligatoires, à l'instar des vaccins contre la gastroentérite à rotavirus, qui est non obligatoire", prolonge le docteur Michaël Rochoy, généraliste dans le Pas-de-Calais. En France, on estime que 82 000 enfants n'ont pas reçu certains vaccins entre 2019 et 2021, dont 21 000 qui n'en ont reçu aucun.

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