La sortie de ce député RN sur CNews contre une journaliste d’« Arrêt sur images » provoque une levée de boucliers

Le député RN Julien Odoul à l’Assemblée nationale le 14 novembre 2023. (Photo by Ludovic MARIN / AFP)
LUDOVIC MARIN / AFP Le député RN Julien Odoul à l’Assemblée nationale le 14 novembre 2023. (Photo by Ludovic MARIN / AFP)

POLITIQUE - « Tous vos messages comptent énormément. » La journaliste d’Arrêt sur images Nassira El Moaddem a reçu une vague de soutien ce jeudi 2 mai après une sortie raciste du député RN Julien Odoul sur CNews. Sa rédaction, des confrères et consœurs journalistes, des politiques, mais aussi des internautes ont publié, notamment sur X, des messages de solidarité condamnant les propos de l’élu et le cyberharcèlement que subit Nassira El Moaddem depuis.

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Tout commence mercredi 1er mai sur le plateau de CNews dans l’émission de Jean-Marc Morandini, toujours à l’antenne malgré ses condamnations. Julien Odoul commente un tweet de Nassira El Moaddem datant du 30 avril sur une circulaire de la Fédération française de football rappelant aux présidents locaux l’interdiction du port de collants ou de casques sur les terrains au nom de la laïcité.

« Pays de racistes dégénérés. Il n’y a pas d’autres mots. La honte », écrit la journaliste en partageant l’information. « Si elle n’est pas contente, qu’elle se casse ! », réagit sur le plateau l’élu d’extrême droite. Une référence à ses origines étrangères, bien que Nassira El Moaddem soit française.

Au passage, Julien Odoul demande « que la présidente de France Télévisions [la] suspende », alors que la rédaction d’Arrêt sur images pour laquelle elle travaille n’a aucun lien avec le groupe audiovisuel publie.

Le rôle des « médias Bolloré »

Sur les réseaux sociaux, la séquence prend de l’ampleur et se transforme en harcèlement haineux et raciste. « Ce sont tous mes réseaux qui sont inondés : X mais aussi Facebook, Instagram et même LinkedIn », dénonce la journaliste. En réponse, des organisations comme la société des journalistes de Mediapart ou l’Association des journalistes antiracistes et racisé·e·s, mais aussi des responsables politiques comme l’insoumise Mathilde Panot ou la socialiste Laurence Rossignol la soutiennent publiquement.

Arrêt sur images monte également au créneau et par le biais de son rédacteur en chef. Ce jeudi 2 mai, Paul Aveline dénonce dans une chronique l’implication des médias appartenant à Vincent Bolloré dans cette campagne de harcèlement. C’est Jean-Marc Morandini qui lance Julien Odoul sur le tweet de Nassira El Moaddem publié la veille, le tout avec un bandeau disant « Une journaliste de “Arrêt sur images” insulte la France ». Le JDD publie également le même jour un article sur les réactions s’indignant du tweet de Nassira El Moaddem. Et Pascal Praud en reparle ce jeudi 2 mai dans son émission matinale L’Heure des pros sur CNews.

En milieu d’après-midi, c’est au tour de Cyril Hanouna, figure de la chaîne C8 faisant également partie de l’empire Bolloré, de mettre une pièce dans la machine. « Continuez à attiser la haine avec vos messages comme ceux d’hier. [Nous], on n’insulte jamais La France et les Français.[…] Continuer à vous ridiculer [sic] », écrit l’animateur sur X après le refus de Nassira El Moaddem de participer à l’émission Touche pas à mon poste.

« Face à ce qu’il faut bien appeler une attaque coordonnée menée par des médias d’extrême droite contre une journaliste indépendante, les autres doivent faire front. Nassira n’est pas la première victime de ce genre de campagne, probablement pas non plus la dernière, » prévient Paul Aveline dans sa chronique qui regrette « des silences qui pèsent lourd ».

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