La vaccination contre la grippe prend du retard et inquiète le ministre de la Santé Aurélien Rousseau

Les syndicats de pharmaciens s’inquiètent d’un retard de la vaccination contre la grippe. Le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a lui aussi sonné l’alerte ce jeudi 30 novembre. (Photo d’illustration).
NICOLAS MAETERLINCK / AFP Les syndicats de pharmaciens s’inquiètent d’un retard de la vaccination contre la grippe. Le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a lui aussi sonné l’alerte ce jeudi 30 novembre. (Photo d’illustration).

SANTÉ - Le ton est donné et l’alarme déclenchée. Le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a fait part de son inquiétude ce jeudi 30 novembre sur les chiffres « médiocres » de la campagne de vaccination contre la grippe, qui a débuté le 17 octobre et se terminera le 15 décembre. Il ne reste donc plus que quinze jours pour remonter la pente et tenter d’éviter une vague épidémique massive.

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« C’est désormais préoccupant. Il nous faut un sursaut. Sinon, ce sont l’hôpital et les plus fragiles qui vont payer tout cela au prix fort », a-t-il poursuivi. Cette alerte fait écho à l’arrivée et de l’hiver et à la remarque de Santé Publique France qui note déjà une « légère augmentation de la majorité des indicateurs de grippe et de syndrome grippal » dans l’Hexagone.

Dans son bulletin du 20 au 26 novembre 2023, SPF note que les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Île-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur sont entrées « en phase pré-épidémique ».

500 000 patients vaccinés en moins

Depuis plus de dix jours, les pharmaciens font aussi des remontées qui attestent d’un retard de la vaccination par rapport à l’an passé. « Si rien n’est fait, on finira la saison avec un million de vaccinés contre la grippe en moins que l’an dernier !  », a averti Philippe Besset, le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) auprès du Parisien. La campagne 2022-2023 avait permis de vacciner 51,5 % des 18 millions de personnes considérées à risques ce qui était déjà loin de la barre des 75 % souhaitée par l’OMS.

Effectivement, comme vous pouvez le voir sur le graphique ci-dessous, publié par le journaliste scientifique Nicolas Berrod, 8,3 millions de doses ont été injectées par les pharmaciens au 43e jour de la campagne de la vaccination, contre 8,9 millions au même moment en 2022. L’écart se creuse nettement depuis une dizaine de jours.

Les données d’Union des syndicats de pharmaciens d’officine montrent également un « retard de vaccination antigrippale de près de 5 points par rapport à 2022 en population générale », soit un retard de près de « 500 000 patients », écrit-elle dans un communiqué. Or, « d’après les épidémiologistes, 500 000 doses administrées en moins provoquent 1 000 hospitalisations de plus et quelques centaines de décès supplémentaires », déplore Philippe Besset, sur TF1.

Réticence de la double vaccination

Pour expliquer ce recul de la vaccination, les professionnels de santé avancent de multiples raisons. Pierre-Olivier Variot, président du syndicat Uspo, évoque un problème « technique » dans l’organisation de la campagne de vaccination. « Cette année les publics cibles ont reçu très tôt leur bon pour la vaccination, environ 1 mois et demi avant le début de la campagne. Ils sont venus nous voir, on les a renvoyés chez eux puis ils ont oublié », regrette-t-il dans L’Express, jugeant que l’idéal serait que « les gens puissent récupérer leur vaccin en pharmacie dès la réception du bon ».

Philippe Besset explique, lui, ce retard pour trois raisons. Premièrement, une « lassitude vaccinale » des Français, déjà contraints à un calendrier de vaccination exigeant pendant la pandémie de Covid. Deuxièmement, un manque d’efficacité de la communication des autorités de santé sur l’importance du vaccin antigrippal. Sur ce point, le ministère de la Santé a défendu auprès du Parisien que l’Assurance maladie devrait, dès la semaine prochaine, davantage « inciter ceux qui ne seraient pas encore vaccinés à sauter le pas ».

Enfin, le président de la FSPF estime que la vaccination contre le Covid est aussi responsable du fait que celle de la grippe patine. « C’est un peu compliqué de dire aux Français qu’on va les vacciner du Covid dans un bras et de la grippe dans l’autre le même jour », précise-t-il à TF1. La vaccination de Covid semble d’ailleurs se porter mieux que celle de la grippe cette année. Depuis l’automne, plus de 3,2 millions de personnes âgées de 65 ans, soit près de 22 % de ce public, ont été vaccinées contre le coronavirus. En 2022, à la même période, elles n’étaient que 2 millions.

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