Pour ses vœux 2024, Emmanuel Macron invoque « l’action » pour masquer ses difficultés

Emmanuel Macron lors de son allocution du 31 décembre 2023.
SEBASTIEN BOZON / AFP Emmanuel Macron lors de son allocution du 31 décembre 2023.

POLITIQUE - L’allocution était courte et son contenu plutôt convenu. Ce dimanche 31 décembre, Emmanuel Macron a prononcé depuis les jardins de l’Élysée ses vœux pour l’année 2024, comme le veut la tradition. L’occasion pour le chef de l’État de revenir sur une année 2023 particulièrement compliquée, mais sans s’appesantir sur les réelles difficultés traversées par l’exécutif au cours des douze mois écoulés.

Pour 2024, Emmanuel Macron peut-il s’attendre à mieux que la cauchemardesque année 2023 ?

Au contraire, le président de la République a plutôt donné l’impression de se satisfaire de la situation, préférant retenir le positif en insistant sur les évolutions à mettre à son crédit. « La France est sans doute l’un des pays occidentaux qui a pris le plus de décisions, conduit le plus de transformations », a vanté Emmanuel Macron, sans préciser que la réforme des retraites a été adoptée via le recours à l’article 49-3, et que la motion de censure ciblant la Première ministre Élisabeth Borne a échoué à neuf petites voix.

Fil rouge

Reconnaissant le caractère « impopulaire » de ce texte « nécessaire », le chef de l’État « assume » la réforme, et a rejeté toute paralysie liée à la majorité relative à l’Assemblée nationale. « Nous sommes bien loin de l’impuissance qu’on nous disait, et c’est heureux », a-t-il affirmé, en martelant comme un mantra le terme « agir », véritable fil rouge de son discours. Un verbe utilisé à huit reprises. « L’action n’est pas une option. L’action est notre devoir pour les générations futures. Voilà pourquoi je serai inlassablement du côté de ceux qui agissent au service du pays (...) Jamais du côté de ceux qui privilégient les calculs électoraux, les petits arrangements ou leurs intérêts personnels », a-t-il insisté, en inscrivant 2024 dans cette même perspective.

« Nous serons déterminés à agir pour l’école, l’enfance et l’éducation afin de rétablir le niveau de nos élèves, l’autorité de nos professeurs, la force de notre enseignement laïque et républicain », a-t-il énuméré, promettant un obscur « réarmement civique » qui accompagnera « le réarmement économique » et « le réarmement de l’État et de nos services publics ». Esquivant les émeutes qui ont embrasé le pays au début de l’été (ni les cent jours d’apaisement promis au sortir de la réforme des retraites), Emmanuel Macron a préféré retenir « les fondations d’une planification écologique inédite », en référence à ce processus accouché dans la douleur, et qui a laissé pantois nombre d’écologistes et de climatologues.

Sur le plan politique, le chef de l’État a tenu à remercier « tout particulièrement » Élisabeth Borne pour les actions accomplies durant l’année écoulée. Un soutien clair et net qui intervient alors que les rumeurs sur un remaniement proche vont bon train en Macronie, surtout depuis que la loi immigration, instillant nombre d’idées du RN, a été adoptée grâce aux voix lepénistes.

Emmanuel Macron a aussi évoqué les élections européennes, en ciblant, sans le nommer, un Rassemblement national qui caracole en tête des sondages. Pour le chef de l’État, les élections du mois du juin proposeront aux électeurs un « choix décisif » entre « continuer l’Europe ou la bloquer ». Autrement dit : « Affirmer la force des démocraties libérales ou céder aux mensonges qui sèment le chaos. »

« Bipolarisation »

À l’issue de ce discours qui a duré treize minutes et vingt secondes, les oppositions ont ciblé un exercice « d’autosatisfaction », faisant fi des difficultés du pays. « Ce soir, au milieu des provocations et des auto-satisfécits hallucinogènes, il y avait quand même un motif d’espoir : Macron était dans le jardin. Encore quelques mètres et on en sera définitivement débarrassé », a ironisé le coordinateur national de la France insoumise, Manuel Bompard, sur le réseau social X. « On comptait sur des vœux, on reçoit des malédictions. Il dit : “plus et plus vite” ! Nos vœux : pas ça ! Une autre France est possible », a renchéri Jean-Luc Mélenchon.

« Encore cette bipolarisation entre “moi ou le chaos”. La France a besoin d’apaisement. Emmanuel Macron doit passer de la start-up nation à la Nation. Il est impératif de rétablir les liens qui unissent les Français entre eux et avec leurs gouvernants », estime de son côté la sénatrice LR Agnès Evren, quand le président des Républicains, Éric Ciotti, dénonce les « vœux délibérément trompeurs du Président de la République ». Un discours et des réactions qui laissent penser que 2024 a de très fortes chances de ressembler à l’année écoulée. Ce qui, au regard de l’évolution de la popularité de l’exécutif, n’est pas forcément bon signe pour Emmanuel Macron.

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