"Un véritable charnier": un policier qui a exhumé les corps des Dupont de Ligonnès accuse la soeur de Xavier d'être dans le "déni"

Une affaire qui a marqué sa carrière. Philippe Cussac, commissaire central de Nantes en 2011 lorsque s'est déroulée l'affaire Xavier Dupont de Ligonnès, déplore ce samedi 16 mars dans une interview à Sud Ouest les propos de la soeur du père de famille, soupçonné d'avoir tué son épouse et leurs quatre enfants avant de prendre la fuite, et qui estime que la famille est toujours vivante.

"J'étais au 55, boulevard Schuman, le jour où on a sorti les corps enterrés sous la terrasse du domicile familial et je sais ce que j'ai vu et ressenti. Les analyses ADN ont également parlé", clame l'ancien policier, aujourd'hui à la retraite et adjoint au maire de Royan, en Charente-Maritime.

"Je peux certifier que les corps que j'ai vus correspondaient tout à fait aux photos dont nous disposions", martèle-t-il.

Des "idioties"

Pour lui, il n'existe aucun doute sur l'identité des cinq personnes retrouvées mortes en 2011 dans le domicile familial des Dupont de Ligonnès, contrairement à ce qu'affirme la soeur de Xavier, le père de famille.

Christine Dupont de Ligonnès affirme en effet dans un livre, Xavier, mon frère, présumé innocent, sorti le 13 mars, que toute la famille est en réalité toujours en vie et qu'elle a été exfiltrée aux États-Unis, pour qui Xavier travaillait en secret.

"Cette femme est dans le déni complet", se désole Philippe Cussac, effaré par les propos de la soeur de Xavier Dupont de Ligonnès.

"Comment peut-on défendre la thèse d'une exfiltration de toute la famille aux États-Unis par la DEA, l'agence fédérale américaine chargée de lutter contre le trafic et la distribution de drogues, et affirmer que la police française y aurait participé en trompant tout le monde sur l'identité des corps retrouvés?", s'interroge-t-il.

"Je suis tombé des nues" après avoir entendu la thèse défendue par cette femme, assure-t-il, déplorant des "idioties".

Une vision "d'horreur"

Philippe Cussac rappelle qu'il était sur place au moment de l'exhumation des corps enterrés sous la terrasse familiale. Un moment glaçant dont il se souvient parfaitement bien que plus de 10 ans se soient écoulés depuis.

"On a sorti tous les membres de la famille, dont on avait une photo, les uns après les autres", se souvient-il.

Évoquant une vision "d'horreur", il décrit un "véritable charnier". "C'est le moment le plus terrible de ma carrière", jure-t-il.

L'exhumation du corps de la seule fille de la famille, Anne, âgée de 16 ans, le marque particulièrement. "À la différence des autres, elle avait la bouche grande ouverte. On pouvait voir son appareil dentaire. Son visage était figé dans une sorte d'expression de surprise", note-t-il.

"Ma conviction est qu'il est toujours en vie"

Alors que les théories restent multiples sur les circonstances exactes de la mort de la famille et sur ce qu'est devenu Xavier Dupont de Ligonnès, jamais retrouvé, le policier a lui aussi sa thèse.

"Ma conviction est qu'il est toujours en vie. La version du suicide est recevable, mais ce n'est pas la mienne. J'ai vécu d'autres affaires de ce type. Généralement, le tueur se suicide sur place après avoir éliminé sa famille", estime-t-il.

Soupçonné d'avoir tué son épouse et leurs quatre enfants, Xavier Dupont de Ligonnès est, depuis 2011, toujours recherché.

Article original publié sur BFMTV.com