Un vénérable bouddhiste tué par la junte birmane, des moines en “grève de l’aumône”

Une nouvelle “révolution de safran” couve-t-elle ? Il est bien trop tôt pour le dire. Mais depuis quelques jours, un peu partout en Birmanie, des moines bouddhistes observent une “grève de l’aumône”, connue sous son nom pali (ancienne langue religieuse d’Asie du Sud) de “pattanikkujjana”, rapporte jeudi 27 juin The Irrawaddy. En d’autres termes, ces religieux refusent de prendre part aux collectes quotidiennes de nourriture auprès des fidèles “qui ont commis des offenses contre le clergé ou les principes bouddhistes”.

À l’origine de leur “boycott”, comme le qualifie aussi The Irrawaddy, la mort d’Ashin Munindra (également connu sous le nom de Sayadaw Bhaddanta Munindabhivamsa), ancien membre de la plus haute autorité bouddhiste du pays et vénérable du monastère Win Nimmita dans la région de Bago, au nord de Rangoon. Les faits remontent au 19 juin, raconte dans une longue enquête le site Myanmar Now.

Principales zones concernées par les combats entre l’armée et les groupes de résistance.. International Institute for Strategic Studies, “The Irrawaddy”
Principales zones concernées par les combats entre l’armée et les groupes de résistance.. International Institute for Strategic Studies, “The Irrawaddy”

Ce matin-là, un groupe de religieux de haut rang embarquent sur un vol Rangoon-Mandalay afin de prendre part à une assemblée de l’ordre religieux shwegyin. Avant de s’y rendre, poursuit Myanmar Now, Ashin Munindra et Ashin Gunikar ont prévu de se rendre dans le village de Ngazun, non loin de Mandalay mais dans la région de Sagaing, en proie depuis le coup d’État de 2021 à d’intenses affrontements entre l’armée et la résistance armée.

Sur la route du retour, leur chauffeur entreprend de doubler un camion. “Il ignorait qu’il transportait des militaires”, explique Myanmar Now. Au moment de le dépasser, il est criblé de balles – depuis le coup d’État, les véhicules ont obligation de rouler fenêtres ouvertes, ce qui n’était pas le cas de la voiture transportant les deux religieux. Une balle atteint Ashin Munindra à la tête. Il est mort sur le coup.

Un clergé bouddhiste divisé

Aussitôt, note The Irrawaddy, la junte a attribué cette mort aux groupes de résistance, “mais a été contrainte, le mercredi [26 juin], d’admettre que ses soldats avaient tué l’abbé bouddhiste de 78 ans, après que le moine ayant survécu à l’attaque a révélé la vérité”.

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