UNRWA : qu’est-ce que cette agence de l’ONU dans la tourmente après l’attaque du Hamas en Israël ?

Plusieurs pays ont annoncé suspendre leurs aides financières à l’UNRWA, au cœur d’une polémique liée aux attaques du 7 octobre.

Des Palestiniens se tiennent à l'entrée du Collège universitaire des sciences de l'éducation géré par l'UNRWA à Ramallah, en Cisjordanie occupée, le 29 janvier 2024 (crédit : AFP)
Des Palestiniens se tiennent à l'entrée du Collège universitaire des sciences de l'éducation géré par l'UNRWA à Ramallah, en Cisjordanie occupée, le 29 janvier 2024 (crédit : AFP)

Un scandale au sein de l’UNRWA a poussé de nombreux pays à suspendre leurs aides financières à destination de cette agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens. La France n’est pas allée jusqu’à la suspension formelle mais a déclaré dans un communiqué ne pas avoir prévu de nouveau versement au premier trimestre 2024. Elle "décidera le moment venu de la conduite à tenir en lien avec les Nations unies et les principaux donateurs, en s’assurant que toutes ses exigences de transparence et de sécurité de l’aide sont bien prises en compte”, a précisé le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Cette décision fait suite à la mise en cause de 12 employés de l’UNRWA dans les attaques du Hamas du 7 octobre 2023 en Israël.

Qu’est-ce que l’UNRWA ?

L’UNRWA est une agence créée en décembre 1949 par l’Assemblée générale de l’ONU après la première guerre arabo-israélienne, consécutive à la proclamation de l’État d’Israël. Son rôle est alors de fournir une assistance humanitaire et une protection aux réfugiés palestiniens. Plus de 700 000 d’entre eux ont dû fuir entre avril et août 1948 et ont obtenu ce statut.

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Depuis, elle vient en aide aux réfugiés palestiniens au Proche-Orient (territoires palestiniens, Jordanie, Liban, Syrie) et est la seule garante de leur statut international. Au total, quelques 5,9 millions de personnes bénéficient de ses services (santé, éducation, services sociaux etc.). Sur les 30 000 personnes employées, 13 000 officient dans la bande de Gaza, réparties dans plus de 300 installations sur un territoire de 365 km2, estime l’ONU.

Depuis que la bande de Gaza est la cible de représailles consécutives aux attaques du 7 octobre, “deux millions de civils à Gaza dépendent de l’aide critique de l’UNRWA pour leur survie au quotidien”, a rappelé le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres.

L’agence de l’ONU est financée en très grande partie par la contribution volontaire des États. En 2022, elle disposait de 44,6 millions de dollars, venant en grande partie des États-Unis. En 2023, la France lui a versé près de 60 millions d’euros.

Que s’est-il passé ?

Vendredi 26 janvier, Israël a accusé 12 employés de l’UNRWA d’avoir participé aux attaques du 7 octobre, juste après que la Cour internationale de justice (CIJ) a ordonné à l’État hébreu de prévenir le risque de génocide à Gaza, en garantissant notamment l'accès à l’aide humanitaire.

À la suite de ces accusations, l’UNRWA a réagi en congédiant 9 employés. Elle a précisé qu’un dixième est "confirmé mort", tandis que les identités de deux autres doivent être confirmées. Le chef de l’agence, Philippe Lazzarini, a également déclaré sur X avoir ouvert une enquête "directement menée par le Bureau des services de contrôle interne (BSCI), l’organe de l’ONU responsable en la matière". Pour éviter que ces évènements ne se reproduisent, "des réformes structurelles" ont également été entamées "afin de renforcer l’adhésion de son personnel aux principes humanitaires, dont celui de neutralité".

Israël, qui a toujours été critique à l’égard de l’UNRWA, espère que l’agence de l’ONU "ne fera pas partie" de la solution dans le territoire palestinien après la guerre entre Israël et le Hamas. Le ministre israélien des Affaires étrangères israélien, Yair Lapid, appelle à favoriser des agences "sincèrement dédiées à la paix et au développement".

Quels sont les pays qui ont suspendu leurs aides ?

Face à la polémique, plusieurs pays ont décidé de suspendre leurs aides financières à destination de l’UNRWA. C’est le cas des États-Unis, de l’Australie, de l’Allemagne, du Royaume-Uni, du Canada, des Pays-Bas et de l’Italie. Le Japon a également indiqué suspendre ses financements "pour le moment", tout comme l’Autriche et la France.

D’autres pays comme la Suisse ont dit attendre d'avoir plus d’informations avant de prendre une décision définitive. A contrario, la Norvège a fait savoir qu'elle maintenait son financement.

Philippe Lazzarini a rappelé qu’une "suspension des contributions aboutira malheureusement à l'interruption de toutes nos activités en l'espace de quelques semaines". Une inquiétude partagée par Antonio Guterres qui "exhorte vivement les gouvernements qui ont suspendu leurs contributions à au moins garantir la continuité des opérations de l'UNRWA".

VIDÉO - Suspension de financements à l'UNRWA : quelles conséquences à Gaza ?