Guerre Israël-Hamas : la Cour internationale de justice oblige Israël à reconnaître le risque de génocide à Gaza
La plus haute juridiction de l’ONU demande également à l’État hébreu de permettre l’accès à l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, mais n’ordonne pas de cessez-le-feu.
INTERNATIONAL - Un verdict historique. Dans un dossier très attendu, la Cour internationale de justice (CIJ) a dévoilé ce vendredi 26 janvier sa décision concernant l’accusation de « génocide » contre Israël dans la bande de Gaza. Une accusation portée par l’Afrique du Sud, qui affirme que Tel-Aviv viole la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948.
La plus haute juridiction de l’ONU, réunie à La Haye, demande donc à Israël de faire tout son possible pour « empêcher la commission de tous actes entrant dans le champ d’application » de la Convention sur le génocide, selon les déclarations de la juge Joan Donoghue qui a énoncé cette première décision.
La CIJ ordonne également à l’État hébreu, en guerre avec le Hamas depuis le 7 octobre, de prendre « toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir et punir l’incitation directe et publique à commettre le génocide ». Une décision qui reste toutefois prudente car à ce stade, la CIJ ne se prononce pas directement sur l’accusation de génocide commis par Israël à Gaza. Ce volet de la procédure peut encore prendre plusieurs années.
The International Court of Justice finds that there is sufficient basis for South Africa’s case against Israel and will not dismiss the case as Israel requested.
This is a historic moment. The Court’s decision makes U.S. complicity more difficult for Biden officials to deny. pic.twitter.com/c5OE2ZQolP— Assal Rad (@AssalRad) January 26, 2024
Par ailleurs, la CIJ demande que soient prises « des mesures immédiates et efficaces pour permettre la fourniture des services de base et de l’aide humanitaire dont les Palestiniens ont un besoin urgent ». Une condition sine qua non « pour faire face aux conditions de vie défavorables auxquelles sont confrontés les Palestiniens ».
De son côté, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a seulement jugé « scandaleuses » les accusations de « génocide » à Gaza. Selon lui, « la tentative ignoble de refuser à Israël » le « droit fondamental » de se défendre est « une discrimination flagrante contre l’Etat juif, et elle a été » rejetée à juste titre.
Israël dipose désormais d’un mois pour mener sa propre enquête pour garantir qu’un génocide n’a pas eu lieu à l’encontre des palestiniens. Tel-Aviv devra ensuite présenter ses conclusions à la CIJ.
L’Afrique du Sud en fête
À l’initiative de la requête, l’Afrique du Sud demandait aux juges de statuer en urgence sur le risque de génocide, en souhaitant qu’Israël suspende « immédiatement ses opérations militaires » sur le territoire palestinien, au profit d’un cessez-le-feu.
À l’annonce du verdict qui ne retient pas cette dernière proposition dans l’immédiat, les représentants de l’Afrique du Sud et des soutiens du peuple palestinien se sont quand même réjouis d’une « victoire décisive » pour le droit international et d’une « étape importante dans la quête de justice pour le peuple palestinien ».
À Johannesburg, la direction du parti historique au pouvoir en Afrique du Sud était réunie en congrès pour suivre l’audience onusienne. Ce qui a donné lieu à des scènes de joie capturées par les chaînes de télévision qui suivaient l’événement en direct. Les responsables du parti politique du président Cyril Ramaphosa se sont ensuite mis à danser, chantant un hymne de la lutte contre l’apartheid.
South Africa's President Ramaphosa and his party #ANC erupt in cheers following the #ICJ ruling pic.twitter.com/X7IY2LaT06
— In Context (@incontextmedia) January 26, 2024
Quant à Cyril Ramaphosa, il a longtemps conservé une mine grave durant l’audience, avant d’esquisser un sourire et d’enlacer plusieurs ténors du gouvernement à l’annonce du verdict.
De son côté, le Hamas a estimé que le choix de la CIJ est « un développement important » qui « contribue à isoler Israël », tandis que l’Autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas a rappelé grâce à cette décision qu’« aucun État n’est au dessus de la loi ».
Surtout symbolique, la décision de la CIJ n’a pas vraiment de moyen d’être appliquée dans les faits, à l’instar de l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui ne s’est clairement pas arrêtée après la décision rendue par l’instance onusienne au début du conflit.
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