Les universités allemandes vont-elles devenir payantes ?

La gratuité des études supérieures pour tous, quels que soient le niveau d’études et la spécialité, constitue jusqu’à présent une spécificité des universités allemandes. Avec une exception : depuis 2017, les universités du Land de Bade-Wurtemberg – et notamment l’université de Heidelberg, la plus ancienne du pays, ou l’université de Stuttgart, particulièrement réputée pour ses filières scientifiques – demandent aux étudiants étrangers qui ne viennent pas d’un autre pays européen d’acquitter des frais de scolarité.

Une “expérience” à laquelle les autorités locales envisagent aujourd’hui de mettre un terme, explique The Times Higher Education. “Le seul État allemand à facturer des frais de scolarité aux étudiants internationaux – 1 500 euros par semestre – devrait bientôt y renoncer, à la suite de l’avis rendu sur le sujet par une commission d’experts indépendants.”

Raison invoquée : une baisse significative du nombre des inscriptions. En 2018, au premier semestre suivant l’introduction des frais de scolarité, celles-ci avaient baissé de 19 % avant de remonter légèrement. “Des données plus concluantes sont apparues à l’hiver 2021-2022 lorsque le Bade-Wurtemberg a enregistré une baisse de près de 10 % du nombre d’étudiants internationaux par rapport à 2016-2017, alors que tous les autres États allemands affichaient une croissance à deux chiffres.”

Pour le professeur Antonio Loprieno, ancien recteur de l’Université de Bâle et président de la commission d’experts, la guerre en Ukraine et les migrants climatiques, de plus en plus nombreux à quitter les pays du Sud, font de la question des frais de scolarité imposés aux étudiants internationaux une “impossibilité politique” à l’heure où l’Allemagne entend se présenter comme un pays ouvert et accueillant – et où l’économie nationale est déjà pénalisée par les pénuries de main-d’œuvre qualifiée.

Une spécificité allemande “qui ne sera pas éternelle”

Reste que la fin annoncée de l’exception représentée par le Bade-Wurtemberg pose la question du financement à long terme de l’enseignement supérieur en Allemagne, souligne le Times Higher Education. Dans le Bade-Wurtemberg, la réforme qui se profile va se traduire par un trou de 30 millions d’euros dans le budget de l’éducation.

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