Un autocar frappé par un obus dans l'est de l'Ukraine, 11 morts

Onze personnes ont été tuées et une dizaine d'autres blessées mardi dans l'explosion d'un obus au passage de leur autocar dans le sud-est de l'Ukraine. /Photo prise le 13 janvier 2015/REUTERS/Nikolai Ryabchenko

par Richard Balmforth KIEV (Reuters) - Onze personnes ont été tuées et une dizaine d'autres blessées quand leur autocar a été pris pour cible mardi dans le sud-est de l'Ukraine, ont annoncé les autorités régionales, tandis que les combats s'intensifiaient plus au nord, autour de l'aéroport de Donetsk. Le véhicule qui transportait des civils a été touché près de la ville de Volnovakha, à une soixantaine de kilomètres au sud de Donetsk, la principale ville du Donbass tenue par les séparatistes pro-russes. Un porte-parole de l'administration régionale loyale envers le gouvernement de Kiev a déclaré que l'attaque s'était produite au niveau d'un poste de contrôle tenu par l'armée régulière. L'autocar était parti de Marioupol, ville côtière tenue par les forces régulières au bord de la mer d'Azov, à 60 km au sud de Volnovakha. Il a précisé que le tir provenait de positions tenues par les rebelles équipés de lance-roquettes Grad, à Dokoutchaevska, à quelques kilomètres au nord de Volnovakha. Le président ukrainien, Petro Porochenko, a condamné cette attaque qui, a-t-il dit, "lui a glacé le sang". Il a mis en cause les forces séparatistes de la "République populaire de Donetsk" et de celle de Louhansk. "Ces morts devraient peser sur la conscience de ces bandes et de ceux qui sont derrière eux", a-t-il dit dans un communiqué, ajoutant qu'il signerait mercredi un décret pour envoyer des renforts sur le front. Des chefs de la rébellion ont démenti toute responsabilité dans l'attaque et affirmé que le car avait été touché à un de leurs propres barrages. Le véhicule n'a pas été touché par un obus ou un missile mais par des tirs d'armes légères, ont-ils dit. PAS DE SOMMET A ASTANA Des photographies montrent la carrosserie du car criblée d'impacts, de même qu'une partie des sièges. Ce tir porte un nouveau coup aux efforts menés pour tenter de trouver une solution au conflit qui a fait 4.700 morts depuis avril. Et ce, au moment où le processus diplomatique patine : le sommet à quatre auquel devaient participer jeudi au Kazakhstan le président russe, Vladimir Poutine, son homologue ukrainien de même que François Hollande et Angela Merkel a été repoussé. Réunis lundi à Berlin, les ministres des Affaires étrangères des quatre pays ont constaté dans un communiqué commun que "les travaux devaient être poursuivis" notamment sur "la mise en place des conditions propices à un cessez-le-feu réel, un accord sur les modalités d'acheminement de l'aide humanitaire et la poursuite de la libération des détenus" pour "ouvrir la voie à la préparation d'un sommet réussi à Astana". "Les divergences d'opinion montrent clairement combien il est difficile de faire des progrès en vue d'une solution politique ou d'un sommet à Astana suscitant beaucoup d'attente et exigeant beaucoup de préparation", a commenté le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier. L'intensification des combats signalée mardi à l'aéroport de Donetsk ne va pas non plus dans le sens d'une relance de la diplomatie. BOMBARDEMENTS SUR L'AÉROPORT DE DONETSK "Au cours des dernières 24 heures, la situation s'est dégradée de manière significative, notamment près de l'aéroport de Donetsk. De nouvelles victimes civiles ont été signalées ailleurs", a dit Ertugrul Apakan, qui dirige la mission de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en Ukraine. Dans un communiqué, l'armée régulière ukrainienne affirme que le secteur a été bombardé de nuit par des missiles Grad tirés par les rebelles. Le jour venu, poursuit le communiqué militaire de Kiev, des blindés séparatistes ont ouvert le feu contre un terminal de l'aéroport toujours tenu par les forces régulières. La partie supérieure de la tour de contrôle, déjà très touchée depuis le début des combats, s'est effondrée. "L'armée russe et les terroristes ont délibérément opté pour une stratégie d'escalade de la tension", a dit à la presse le porte-parole militaire Andriy Lysenko, qui a fait état d'un soldat ukrainien tué et dix autres blessés. Inauguré en grande pompe pour l'Euro 2012 de football, que l'Ukraine co-organisait avec la Pologne, l'aéroport Sergueï-Prokofiev de Donetsk, aux pistes rendues impraticables par les cratères creusés par les tirs d'artillerie, ne sert plus depuis avril. Mais il revêt une importance symbolique pour les deux camps, et les forces régulières ont repoussé plusieurs assauts menés par les rebelles pour les déloger. A Kiev, un député a affirmé que les séparatistes avaient intimé aux forces gouvernementales de s'en retirer avant 17h00 mardi (15h00 GMT) sous peine de "destruction". Cet ultimatum n'a pas été confirmé par les dirigeants rebelles. (avec Pavel Polityuk à Kiev et Stephen Brown à Berlin, Eric Faye, Pierre Sérisier et Henri-Pierre André pour le service français, édité par Guy Kerivel)