Ukraine: ce que l'on sait des frappes russes qui ont fait plus de 30 morts et visé un hôpital pour enfants

Kiev frappé d'effroi. La capitale ukrainienne observe ce mardi 9 juillet une journée de deuil au lendemain de frappes russes ayant fait plus de 30 morts et dévasté le plus grand hôpital pédiatrique du pays.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a fait état dans la matinée de près d'une quarantaine de morts à travers tout le pays, visé la veille par une quarantaine de missiles russes.

· Au moins 38 morts dans plusieurs villes du pays

Au moins 38 personnes ont été tuées dans une vague de frappes russes sur plusieurs villes d'Ukraine lundi 8 juillet, selon le dernier bilan donné par Volodymyr Zelensky sur son compte X. Les villes de Kiev, Dnipro, Kryvyï Rig, Sloviansk ou encore Kramatorsk ont été visées.

Parmi les victimes, 31 personnes dont quatre enfants ont été tués dans la capitale, où des missiles russes ont dévasté l'hôpital pour enfants Okhmatdyt, une clinique privée et des immeubles d'habitation.

Ce mardi, 64 victimes des frappes restent hospitalisées à Kiev, 28 autres à Kryvyï Rig, et six autres à Dnipro, selon le président ukrainien.

· Un hôpital pédiatrique visé

À Okhmatdyt, le plus grand hôpital pédiatrique du pays, deux adultes, dont une femme médecin et un visiteur, ont été tués et 32 blessées, ont indiqué les autorités après la fin des opérations de sauvetage dans la matinée de mardi.

Les services de sécurité ukrainiens ont accusé la Russie d'avoir délibérément frappé l'établissement. Le missile a provoqué l'effondrement du service de toxicologie et endommagé des bâtiments environnants qui abritent d'autres services.

"Un missile russe a frappé le plus grand hôpital pour enfants d'Ukraine, visant de jeunes patients atteints de cancer. Nombre d'entre eux ont été ensevelis sous les décombres", a indiqué sur X Volodymyr Zelensky.

Selon l'ONG française Mehad, un service de réhabilitation pour les blessés de guerre qu'elle gère a aussi été touché, situé "à proximité immédiate" d'Okhmatdyt.

Le personnel médical d'Okhmatdyt avait interrompu ses activités dès la sirène d'alerte aérienne et envoyé les patients et proches s'abriter au sous-sol. Selon un médecin interrogé par l'AFP, certains enfants n'ont cependant pas pu être évacués car ils subissaient des opérations au moment de la frappe.

Le centre Okhmatdyt est situé à moins de deux kilomètres de l'usine Artyom, qui produit des munitions pour l'armée ukrainienne.

Sur environ 630 patients qui y étaient soignés, 94 ont été transférés dans d'autres hôpitaux de la capitale, plus de 465 ont dû rentrer chez eux et 68 sont restés dans les bâtiments qui n'ont pas été touchés par l'attaque, a indiqué le ministère de la Santé.

· L'Ukraine dénonce un "crime de guerre"

Le chef des forces armées ukrainiennes Oleksandr Syrsky a dénoncé un "crime de guerre" qui a "choqué le monde par sa cruauté" et que "nous, les soldats ukrainiens, ne pardonnerons jamais".

Volodymyr Zelensky, qui participe ce mardi à un important sommet de l'Otan à Washington, a de son côté réclamé aux Occidentaux une "réponse plus forte" à la Russie.

Les autorités ukrainiennes estiment que la frappe sur l'hôpital pédiatrique a été effectuée avec un missile de croisière russe Kh-101 tiré depuis un bombardier. Au total, l'armée ukrainienne affirme avoir abattu 30 missiles sur les 38 envoyés par l'armée russe.

De son côté, le Kremlin a mis en cause "la défense aérienne ukrainienne", assurant, comme toujours, ne jamais "frapper de cibles civiles".

· L'ONU évoque un "tir direct" russe, Biden promet "de nouvelles mesures"

La représentante du Haut-Commissariat des droits de l'homme de l'ONU en Ukraine, Danielle Bell, a jugé "fort probable" que l'hôpital pour enfants ait été touché par "un tir direct" de missile russe, évoquant aussi le projectile du type KH-101.

"L'analyse des séquences vidéo et l'évaluation effectuée sur le lieu de l'incident indiquent qu'il est fort probable que l'hôpital pour enfants ait subi un frappe directe plutôt que des dommages dus à un système d'arme intercepté", a déclaré Danielle Bell lors d'un point de presse à Genève.

"Lancer intentionnellement des attaques contre un hôpital protégé (par le droit international, NDLR) est un crime de guerre dont les auteurs doivent rendre des comptes", a plus tard affirmé la sous-secrétaire générale de l'ONU aux affaires humanitaires, Joyce Msuya, relevant "une tendance inquiétante à attaquer systématiquement les centres de soins et d'autres infrastructures civiles à travers l'Ukraine".

Une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU était prévue mardi à 16 heures, à la demande du président ukrainien.

Le Premier ministre indien Narendra Modi, qui s'entretient avec Vladimir Poutine mardi en Russie, a évoqué une "douleur insupportable" lorsque "des enfants innocents sont assassinés".

Côté occidental, Joe Biden a dénoncé la "brutalité" de la Russie, promettant "de nouvelles mesures pour renforcer la défense antiaérienne de l'Ukraine".

Le pape François a également réagi en témoignant de sa "profonde douleur" dans un communiqué mentionnant aussi une frappe contre une école à Gaza.

Article original publié sur BFMTV.com