UFC: "tout a tourné dans le mauvais sens pour lui", pourquoi Ciryl Gane se retrouve dans l'impasse

Il est le dernier sur la liste. Hormis Zarah Fairn, coupée après avoir été au bout de son contrat, les protagonistes tricolores de l’UFC Paris 2 sont tous passés à l’étape suivante dans la plus grande organisation de MMA à travers la planète. Certains sont déjà remontés dans la cage (Benoît Saint Denis deux fois, Taylor Lapilus), d’autres ont un combat prévu (Manon Fiorot, William Gomis, Morgan Charrière, Nora Cornolle) et un (Yanis Ghemmouri) a vu un rendez-vous prévu annulé en raison d’une blessure.

Le seul pour qui rien n’a encore bougé? Ciryl Gane. Mais alors, que se passe-t-il pour le "Bon Gamin"? Le RMC Fighter Club lance le débat et tente de répondre à cette question dans son épisode du jour.

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Rien à l'horizon

Premier constat: Gane n'est pas dans la même catégorie que ses compatriotes niveau classement, et il est donc normal de le voir patienter plus longtemps entre deux combats vu les enjeux autour de lui. Ce qui ne diminue toutefois pas son envie d'en découdre.

"J’aimerais pouvoir combattre avant la fin avril", lançait l’intéressé ces dernières semaines au micro de Canal + Sport.

Une sortie en forme de souhait, mais sans garantie de succès. "On croise les doigts. On s’entraîne, on s’entraîne et bon, le reste on verra." Sauf improbable retournement de situation, son vœu ne sera pas exaucé. La carte de l’UFC 300, seul événement numéroté du mois d’avril, est déjà pleine. Et compte tenu de son statut, on voit mal l’ancien champion intérimaire placé en dernière minute en tête d’affiche de la Fight Night du 27 avril à l’UFC Apex de Las Vegas.

Un retour de bâton

Bref, c’est le flou. Qui a pour origine un choix fort, mais qui a mal tourné. Laminé en deux minutes par Jon Jones début mars 2023 pour le titre incontesté des lourds, Gane est revenu dans la cage début septembre face à Serghei Spivac dans le combat principal de la deuxième édition de l’UFC Paris. Un retour en forme de masterclass avec un "Bon Gamin" dominateur de bout en bout et qui a terminé le travail sur un TKO au deuxième round. Avant le moment de bascule.

Présent dans la salle parisienne, Tom Aspinall souhaite monter dans la cage pour défier le Français. Mais ce dernier refuse le face-à-face et l’idée d’affronter le Britannique, alors moins bien classé que lui, car il vise plus haut et l’idée de "revenir à la ceinture". L’idée, osée dans une UFC qui préfère toujours ceux prêts à prendre "n’importe qui, n’importe où, n’importe quand" (credo souvent répété par Gane dans le passé), aurait pu marcher.

Car à l’époque, un choc entre Jon Jones et l’ancien champion Stipe Miocic – considéré comme le plus grand lourd de l’histoire de l’UFC – est prévu pour le 11 novembre à New York en main event de l’UFC 295. Avec en fond l’idée, basée sur leurs paroles, de voir les deux prendre leur retraite derrière, peu importe le vainqueur. Et la possibilité, dans ce scénario, de voir la ceinture être rendue vacante et se disputer entre les deux prétendants les mieux classés: Gane et Sergei Pavlovich (alors sur une série de six victoires consécutives par KO/TKO au premier et prévu comme remplaçant pour Jones-Miocic).

Problème? Tout va mal s’enchaîner. Blessé, Jones doit déclarer forfait pour Miocic et leur combat est reporté. Pour ne pas trop "dépoiler" l’UFC 295, l’UFC organise alors un combat entre Pavlovich et Aspinall avec… la ceinture intérimaire en jeu. Et le Britannique ne laisse pas passer sa chance en éteignant le Russe dès la première reprise. Gane n’hésite alors pas à défier le nouveau champion intérimaire sur les réseaux sociaux. Mais Aspinall est désormais en position de force et va lui faire payer Paris. Le Britannique, dont l’objectif reste un combat d’unification contre Jones, ne veut plus entendre parler du Français après son refus de septembre.

Une catégorie bloquée

Dans une catégorie bloquée par le choc Jones-Miocic, dont on ne connaît toujours pas la date, et avec un Aspinall qui peut attendre pour prendre un combat vu sa position, tout ce que vise le Français s’écroule sous ses pieds. De quoi prendre le temps de travailler sur son jeu et ses points faibles, ce qu’il avait peu eu le temps de faire dans son ascension météorite où les combats s’enchaînaient.

Mais aussi de quoi soulever une question: l’UFC, qui a déjà montré sa capacité à imposer des affiches, peut-elle aller à l’encontre de l’envie d’Aspinall et obliger le choc contre Gane? Si la rumeur de plus en plus persistante se concrétise autour d’un événement en juillet à Manchester, la région dont il vient, la perspective de voir les deux – numéros 1 et 2 du classement des prétendants – en main event dans un Angleterre-France du MMA avec ceinture intérimaire en jeu a de quoi faire saliver.

Malheureusement pour Gane, l’UFC pourrait être tentée par une autre histoire à raconter, peut-être plus attirante. Vainqueur de Jailton Almeida sur KO à l’UFC 299, Curtis Blaydes est l’homme qui a infligé à Aspinall sa seule défaite en carrière sur une grave blessure à la jambe du Britannique en juillet 2022 à Londres. Une revanche deux ans plus tard entre le champion intérimaire et le numéro 5 du classement, qui a lui aussi expliqué ne pas vouloir rencontrer Gane dans la cage car le Français aurait refusé à plusieurs reprises de l’affronter ces dernières années, ferait donc sens. Et Aspinall n’a pas manqué de voir s’ouvrir cette brèche qui lui permettrait de ne pas donner sa chance à Gane comme il le souhaite. Blaydes le réclame au micro après Almeida?

"Faut pas me demander ça deux fois, répond-t-il sur les réseaux sociaux. Je suis chaud."

La solution Pavlovich?

Avec tout ça, regarder le classement des lourds permet de vite tirer une conclusion: si l’UFC ne se décide pas à lui donner Aspinall, la solution la plus logique pour Gane se nomme Pavlovich. Numéro 4 du classement, le Russe va chercher à rebondir après sa défaite contre Aspinall. Prendre le Français épouserait parfaitement cette idée. Le choc paraît moins attirant sur le plan sportif, Aspinall ou Blaydes pouvant mettre Gane face à ses failles et livrer plus de réponses, mais serait finalement assez logique. Si Gane éteint à son tour Pavlovich, il sera alors impossible de lui refuser Aspinall dans ce qui pourrait être un choc pour la ceinture incontestée si Jones et Miocic ont raccroché.

Reste enfin à savoir quand pourrait s'imaginer ce retour. Si c’est Aspinall, ce sera sans doute cet été. Si c’est Pavlovich, on peut imaginer la fin du printemps si les deux sont chauds ou attendre l’automne pour le troisième UFC Paris (dont la date reste à définir). Alors que des rumeurs évoquent aussi sa volonté de se tourner bien plus vers le monde du cinéma, le porte-étendard du MMA tricolore se retrouve dans le flou sur le plan sportif. On a déjà très hâte d’en savoir plus sur la suite pour le "Bon Gamin".

Article original publié sur RMC Sport