Turquie : Erdogan essuie une sévère défaite lors des municipales face au principal parti de l’opposition

Turquie : Erdogan essuie une sévère défaite lors des municipales face au principal parti de l’opposition (Photo de  Recep Tayyip Erdogan lors de sa défaite aux municipales le 31 mars 2024)
ADEM ALTAN / AFP Turquie : Erdogan essuie une sévère défaite lors des municipales face au principal parti de l’opposition (Photo de Recep Tayyip Erdogan lors de sa défaite aux municipales le 31 mars 2024)

TURQUIE - Recep Tayyip Erdogan et son parti ont fait face à une sévère défaite dimanche 31 mars alors que les résultats des élections municipales ont été dévoilés. Le président turc a concédé la victoire historique de l’opposition et évoqué un « tournant » pour son camp, au pouvoir depuis 2002.

Le dépouillement de près de 99 % des urnes à l’échelle nationale confirme que l’opposition turque a infligé au parti AKP (islamo-conservateur) du chef de l’État sa pire débâcle électorale en deux décennies. Depuis le siège de son parti à Ankara et devant une foule abattue, inhabituellement silencieuse, le président turc a promis de « respecter la décision de la Nation ».

Le principal parti de l’opposition, le CHP (social-démocrate), a revendiqué sa victoire dans les deux plus grandes villes de Turquie à Ankara et Istanbul. Cette dernière est tout un symbole alors que c’est dans la mairie de celle-ci qu’Erdogan a commencé son ascension politique en étant maire dans les années 1990. Le CHP a raflé de nombreuses autres villes, comme Bursa, grosse ville industrielle du nord-ouest acquise à l’AKP depuis 2004.

« Nous avons gagné l’élection »

Istanbul n’était que fête dimanche soir devant le siège de la municipalité où une foule a célébré la réélection de son maire, le médiatique opposant Ekrem Imamoglu. « Nous avons gagné l’élection ! » , avait-il lancé plus tôt sans attendre la proclamation officielle des résultats. « Istanbul, a donné ce soir un message historique au plus haut niveau de l’État. Istanbul a dit : “Je suis du côté de la démocratie, je suis du côté de la justice.” » a-t-il déclaré, triomphal.

La victoire est double pour Imamoglu qui, à 52 ans, conserve non seulement la mairie conquise de haute lutte en 2019, mais inflige en plus un camouflet sévère au président qui avait mis toute son énergie et sa stature au service du candidat de son parti islamo-conservateur, l’ingénieur et ancien ministre de l’Environnement Murat Kurum qui à 47 ans affrontait les urnes pour la première fois.

À Ankara, le maire CHP Mansur Yavas, largement en tête, avait lui aussi déjà revendiqué la victoire, affirmant devant une foule en liesse que « ceux qui ont été ignorés ont envoyé un message clair à ceux qui dirigent ce pays ».

Les candidats de l’AKP se sont toutefois maintenus en tête dans plusieurs grandes villes d’Anatolie (Konya, Kayseri, Erzurum) et de la mer Noire (Rize, Trabzon), bastions du président Erdogan, tandis que le parti pro-kurde DEM s’assurait une confortable avance dans plusieurs grandes villes du sud-est à majorité kurde, dont Diyarbakir, la capitale informelle des Kurdes de Turquie.

Un boulevard vers la présidentielle de 2028

Le maire d’Istanbul, abonné au podium des personnalités politiques préférées des Turcs, n’a eu de cesse de se poser en rival direct du chef de l’État, qui l’a pourtant dépeint en « maire à temps partiel » dévoré par ses ambitions nationales.

Pour nombre d’observateurs, le maire d’Istanbul disposera une fois élu d’un boulevard vers la présidentielle de 2028.

Le chef de l’État, résigné, a lui évoqué les « quatre années de travail (...) à ne pas gaspiller » d’ici-là, une manière d’écarter l’éventualité d’une élection anticipée qui lui permettrait de se représenter une nouvelle fois.

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