Tunis croise le fer avec le Maroc
Un homme âgé descend doucement d'un jet privé à l'aéroport de Tunis-Carthage, section VIP. Au pied de l'appareil, un tapis rouge et le président qui attend le visiteur. Kaïs Saïed le prend dans ses bras. Une accolade qui a embrasé le Maghreb pour une durée indéterminée. L'homme qui débarque ainsi en Tunisie avec un protocole réservé à un chef d'État se nomme Brahim Ghali. Il est le chef inamovible du Front Polisario, parti qui revendique l'indépendance du Sahara occidental depuis plusieurs décennies.
Alger le soutient, Rabat le considère comme un terroriste. Les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques à cause de ce conflit. En 2021, l'Espagne avait payé le prix fort pour avoir hébergé en catimini le vieux leader Ghali dans une clinique privée madrilène. Le royaume avait rappelé son ambassadrice à Madrid durant de longues semaines et permis l'intrusion de sept mille migrants dans l'enclave espagnole de Ceuta en quelques heures. Une sommation. Une manifestation éclatante de mauvaise humeur à laquelle Pedro Sanchez répondait illico. Le Premier ministre ibérique prenait l'avion, faisait amende honorable, virait sa ministre des Affaires étrangères, dont Rabat ne voulait plus entendre ne serait-ce que la voix. Un an plus tard, Sanchez reconnaissait la marocanité du Sahara occidental sans solliciter un vote du Parlement. Un genou à terre.
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