Trump accuse l'Allemagne d'être "aux mains de la Russie"

Donald Trump a accusé mercredi l'Allemagne d'être "aux mains de la Russie" et lui a demandé d'augmenter immédiatement ses dépenses de défense, conformément à l'engagement des pays membres de l'Otan de porter leurs dépenses militaires à 2% du PIB. /Photo prise le 11 juillet 2018/REUTERS/Kevin Lamarque

BRUXELLES (Reuters) - Donald Trump a accusé mercredi l'Allemagne d'être "aux mains de la Russie" et lui a demandé d'augmenter immédiatement ses dépenses de défense, conformément à l'engagement des pays membres de l'Otan de porter leurs dépenses militaires à 2% du PIB.

S'exprimant lors d'une conférence de presse au premier jour d'un sommet de l'Otan à Bruxelles, le président américain a déclaré qu'il était "très inapproprié" que les Etats-Unis payent pour la défense des Européens contre la Russie alors que le pays le plus riche d'Europe, l'Allemagne, négocie des contrats gaziers avec Moscou.

"Nous protégeons l'Allemagne, nous protégeons la France, nous protégeons tous ces pays. Et certains d'entre eux vont signer un contrat de gazoduc avec la Russie et des milliards de dollars vont dans leurs caisses", a-t-il déclaré aux côtés du secrétaire général de l'alliance atlantique, Jens Stoltenberg.

Donald Trump fait référence au projet de gazoduc Nord Stream 2, qui doit relier la Russie à l'Allemagne via la Baltique, un projet qui inquiète Washington.

"Donc nous sommes supposés vous protéger contre la Russie et vous lui donnez des milliards de dollars, je pense que c'est très inapproprié", a-t-il poursuivi.

"Si vous regardez bien, l'Allemagne est aux mains de la Russie. Ils se sont débarrassés de leurs centrales à charbon, de leurs centrales nucléaires. La majeure partie du pétrole et du gaz en Allemagne provient de Russie. Je pense que l'Otan doit regarder cela de plus près".

UN "PARTAGE DU FARDEAU DÉSÉQUILIBRÉ"

La chancelière allemande n'a pas tardé à réagir aux propos de Donald Trump, rappelant que durant sa jeunesse, l'Allemagne de l'Est était contrôlée par l'URSS.

"J'ai vécu moi-même à une époque où une partie de l'Allemagne était aux mains de l'Union soviétique", a dit Angela Merkel à son arrivée au sommet.

"L'Allemagne fait beaucoup pour l'Otan (...) c'est le deuxième plus grand fournisseur de soldats, la majeure partie de notre capacité militaire est affectée à l'Otan et jusqu'à aujourd'hui, nous avons un engagement fort en Afghanistan, où nous défendons aussi les intérêts des Etats-Unis", a-t-elle poursuivi.

Angela Merkel devait s'entretenir avec Donald Trump en marge du sommet plus tard dans la journée.

La ministre allemande de la Défense estime, elle aussi, que l'Allemagne n'est pas prisonnière de la politique russe.

"Nous avons beaucoup de divergences avec la Russie, sans le moindre doute", a déclaré Ursula von der Leyen lors d'une conférence de presse en marge du sommet. "Il ne fait aucun doute non plus qu'il faut maintenir le dialogue entre pays ou alliances et adversaires".

Le président américain a appelé de nouveau ses alliés de l'Otan à augmenter leurs dépenses militaires, lui qui dénonce fréquemment un "partage du fardeau déséquilibré".

"L'Allemagne est pays riche, ils parlent d'augmenter un tout petit peu (leurs dépenses) d'ici à 2030. Et bien ils peuvent les augmenter immédiatement, demain, sans aucun problème", a-t-il déclaré.

Selon des chiffres publiés mardi par l'Otan, en 2017 seuls les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Estonie, la Grèce et la Pologne ont atteint les 2% du PIB en matière d'effort de défense. L'Allemagne y consacre quant à elle 1,2% de son PIB.

Pour le secrétaire général de l'Otan, tous les membres de l'alliance s'accordent sur le fait que les dépenses doivent être mieux partagées.

"Malgré les désaccords, j'espère que nous allons nous entendre sur les fondamentaux, qu'ensemble nous sommes plus forts que séparément", a dit à la presse Jens Stoltenberg.

(Jeff Mason, avec Sabine Siebold et Humeyra Pamuk, Arthur Connan pour le service français)