Pour les trottinettes électriques à Paris, une campagne d’influence payée par les opérateurs

Dimanche 2 avril, les Parisiens voteront pour ou contre l’interdiction des trottinettes électriques en libre-service dans la capitale. Photo d’illustration.
Dimanche 2 avril, les Parisiens voteront pour ou contre l’interdiction des trottinettes électriques en libre-service dans la capitale. Photo d’illustration.

PARIS - À l’approche de la votation citoyenne pour le maintien ou l’interdiction des trottinettes électriques en libre-service dans la capitale ce dimanche 2 avril, tous les moyens ont été déployés pour mobiliser les électeurs, notamment du côté des opérateurs. Cette semaine, plusieurs influenceurs ont en effet publié des vidéos sur les réseaux sociaux dans lesquelles ils appellent à « sauver les trottinettes électriques » que la maire PS Anne Hidalgo aimerait voir disparaître.

La vaste opération de communication, repérée en début de semaine par le journaliste indépendant Vincent Manilève, ne se contente pas d’appeler au vote. Sur TikTok ou Instagram, les créateurs de contenus invitent expressément leurs abonnés à se prononcer contre l’interdiction. Parmi eux, on retrouve la fille de Jean-Pierre Pernaut, Lou Pernaut (1,4 million d’abonnés), les tiktokeurs Ethan Berrebi (1,9 million d’abonnés) et Rayalix (589 000 abonnés) ou encore le youtubeur Bastos (1,03 million d’abonnés).

« Les trottinettes, c’est le truc le plus romantique. (...) Même si vous n’en faites pas tellement, allez voter, pour que je continue à pécho », incite ainsi Bastos dans une vidéo filmée aux côtés de la mannequin Charlotte Lemay sur Instagram, comme vous pouvez le voir ci-dessous :

« Il est interdit d’interdire les trottinettes à Paris ! », s’exclame une passante au micro d’Ethan Berrebi dans une séquence publiée sur TikTok :

Une opération de communication commune

Cette dernière publication fait bien mention d’un « partenariat rémunéré » avec Lime, l’un des trois opérateurs de trottinettes électriques à Paris. En revanche, comme l’a souligné Vincent Manilève sur Twitter, certaines vidéos ont été postées comme s’il s’agissait d’une initiative personnelle des influenceurs. C’était notamment le cas de celle publiée sur TikTok par Lou Pernaut avec les hashtags #sauvetatrott et #vote2avril, où la mention n’est apparue que plusieurs heures après publication.

Auprès du HuffPost, l’entreprise Dott explique qu’il s’agissait d’une opération de communication commune, « financée par les opérateurs » parisiens. « Ces publications Tiktok s’inscrivent dans une campagne plus large avec de l’information dans la rue, sur les réseaux sociaux, des événements, des communications dans nos applications et un site trottinonsmieux.com qui explique toutes les modalités du vote », a précisé l’entreprise, en assurant que « les partenariats rémunérés sont signalés. »

La société se justifie en expliquant « que beaucoup de 18-35 ans ne sont pas informés de ce vote, ni de ses conséquences potentielles. » Selon elle, la communication de la ville de Paris et les modalités de la votation ne sont pas bien « adaptées aux 18-35 ans, puisque la campagne d’information municipale n’a lieu qu’en physique ». Or il est « crucial » de leur parler sur les canaux qui les touchent, fait valoir Dott.

« Aujourd’hui, cet argent est dépensé pour sauver le business des trottinettes. Et demain, ce sera pour quoi ? », a dénoncé l’adjoint à la mairie de Paris David Belliard sur Twitter.

Les opérateurs s’inquiètent de la sincérité du scrutin

Ce n’est pas la première fois que les opérateurs parisiens suscitent la polémique sur ce sujet. Le mois dernier, Lime s’était attiré les foudres de la municipalité en offrant 10 minutes de trajet gratuit aux utilisateurs qui fourniraient une preuve de leur inscription sur liste électorale pour participer à la votation. Une méthode légale, mais jugée éthiquement contestable.

« Faire campagne pour le maintien des trottinettes à Paris, c’est le jeu. Et le 2 avril prochain, tous les Parisiens et Parisiennes pourront s’exprimer dans les urnes. Mais proposer d’acheter des électeurs, c’est franchement pas joli, joli Lime ! », avait alors réagi David Belliard.

La guerre est déclarée depuis de longs mois entre la municipalité et les trois opérateurs, qui totalisent une flotte de 15 000 véhicules. Entre les accidents et les utilisateurs circulant à deux ou sur les trottoirs, déjà parsemés de trottinettes mal garées, Paris s’interroge en effet sur le « rapport coût/bénéfices » des trottinettes et questionne leur « coût environnemental ».

Début février, Lime, Dott et Tier, qui assurent – sondages à l’appui – qu’une majorité des Parisiens de moins de 65 ans est opposée à leur interdiction, s’étaient dit inquiets de la sincérité du scrutin. Depuis, ils multiplient les opérations de communication en tout genre par crainte que leurs utilisateurs ne prennent pas la peine de se rendre aux urnes.

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