“Mon travail est toxique” : anatomie d’un cliché

Patrons toxiques, bureaux toxiques, masculinité toxique… Tout est, semble-t-il, toxique dans notre vie, au point que le Spiegel constate que “ce terme s’apparente à un passe-partout”. Il recouvre, quand il s’agit du travail, des réalités de plus en plus dénoncées. En 2022, une étude internationale publiée par le cabinet de conseil McKinsey montrait que 25 % des salariés se disaient fréquemment exposés à des comportements toxiques au travail. D’après une autre étude, venant du cabinet Gallup, 42 % des salariés allemands se disent stressés.

L’effet Britney Spears

Pour autant, faut-il parler de toxicité à tout bout de champ ? Selon l’hebdomadaire allemand, si l’expression “masculinité toxique” est apparue pour la première fois en Allemagne dans les années 1980, l’adjectif “toxique” n’est vraiment entré dans le vocabulaire courant qu’en 2005. Sans doute à cause de l’effet Britney Spears, qui a sorti son tube Toxic l’année précédente. Le linguiste Rüdebusch estime que “la chanson a certainement contribué à la diffusion de ce terme en dehors du langage technique”. Le Spiegel constate que “toxique” a été de plus en plus utilisé à partir de 2016, car il permettait de décrire à la fois la présidence Trump et les faits dénoncés par le mouvement #MeToo :

“‘Toxique’ est probablement tout simplement le mot qui convient à notre époque.”

L’adjectif ne signifie plus aujourd’hui simplement empoisonné mais aussi malveillant, nuisible, frustrant. “Toxique” est entré dans le célèbre dictionnaire allemand Duden en 2019 avec cette acception.

Selon la BBC, l’expression “lieu de travail toxique”, au sens métaphorique, a été employée pour la première fois en 1989 dans le domaine des soins infirmiers aux États-Unis. Ensuite, le prestigieux Dictionnaire Oxford en fait le mot de l’année en 2018 “à la suite du mouvement #MeToo et de la mise en lumière de la ‘masculinité toxique’ et des environnements de travail nocifs” . L’adjectif a alors été utilisé pour désigner toutes sortes de désagréments au travail.

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