Traian Basescu, sauveur ou paternaliste ?

“Le président Basescu ne peut être suspendu, car personne ne peut suspendre les aspirations du peuple”, clame dans son éditorial Traian Ungureanu, du quotidien Cotidianul.

Il fait ainsi référence à l’indéniable popularité du président, toujours fortement soutenu par le peuple pour son franc-parler et sa lutte contre la corruption. L’éditorialiste estime que la Roumanie est à un moment clé de son histoire. “Il ne s’agit pas d’une attraction pour touristes, ce qui se passe ici est sérieux”, prévient-il. Selon l’éditorialiste, le pays serait prêt à voter à nouveau pour celui qui incarne le mieux l’action concrète, à savoir Basescu lui-même.

Sabina Fati, de Romania Libera, préfère commenter l’action de la nouvelle (et improbable) coalition formée par le parti du Premier ministre (PNL, libéral) Calin Tariceanu et l’opposition de gauche : “Tariceanu et Mircea Geoana (chef du Parti social-démocrate, PSD) se consultent l’un l’autre, se font mutuellement des compliments […] et réfléchissent à des scénarios pour éliminer définitivement le président de la scène politique roumaine. Une hypothèse en effet envisageable, car si le président démissionne, une élection anticipée aura lieu dans les trois mois. Seulement, la coalition menace de modifier la Constitution de façon à empêcher un président démissionnaire de se représenter. “Ce dont ils ont le plus peur, c’est qu’il fasse son retour à la tête du pays”, conclut la journaliste.

Sur un ton critique teinté d’ironie, Adevarul souligne l’attitude paternaliste du président : “Un mythe est mort une nouvelle fois, celui de l’amour enflammé entre le peuple et son père chéri Traian Basescu”, écrit le journal. D’après l’éditorialiste Adrian Halpert, le rassemblement de soutien au président qui a eu lieu hier place de l’Université n’a réuni que “2 000 à 3 000 manifestants – un nombre ridicule, quand on sait qu’un match de milieu de classement de la Ligue 1 réunit entre 10 000 et 15 000 supporters”.

L’incisif éditorialiste de Gandul, Cristian Tudor Popescu, reproche à Traian Basescu de n’avoir pas tenu sa promesse. Celui-ci avait en effet déclaré mardi 17 avril que, dans l’éventualité de sa suspension, il démissionnerait “dans les cinq minutes”. “Une pantomime irresponsable et éhontée, à laquelle Traian Basescu s’est livré parce qu’il était acculé.” Un président que le journal n’hésite pas à comparer à Nicolae Ceausescu : “Tout comme le dictateur qui criait en 1989 que la destruction de la Roumanie était imminente, Basescu se croit, lui aussi, indispensable à la survie du pays.” L’éditorial conseille aux Roumains de se regarder eux-mêmes, car leur classe politique ne serait que le reflet de la schizophrénie collective…

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