Sur les traces de l’agent double Kim Philby

Kim Philby, le célèbre espion du MI6, à Londres, en 1953. - Credit:© Mirrorpix / Bridgeman Images
Kim Philby, le célèbre espion du MI6, à Londres, en 1953. - Credit:© Mirrorpix / Bridgeman Images

Il suffit parfois d'un rien pour que l'imagination s'emballe. Un espion contrarié partant à Beyrouth sur les traces du plus célèbre agent double du XXe siècle ? Le lecteur d'Emmanuel Villin entrevoit aussitôt une virée dans un Proche-Orient de carton-pâte, avec filatures, documents confidentiels et agents délurés. Kim Philby et moi évoque pourtant L'Usage du monde, le récit de voyage culte de Nicolas Bouvier, plus qu'une resucée d'OSS 117. La fascination pour l'officier du MI6, en réalité taupe au service de l'URSS, y est le prétexte à une dérive contemplative au pays du Cèdre.

Hôtels miteux, escroc à gourmettes, pique-assiette obséquieux courbé dans une ambassade, femmes fardées et trous de mémoire. À vrai dire, l'énigme entourant la trahison du « Soviet Super Spy » obsède moins le narrateur que celle de sa propre existence. Pourquoi le Liban, « ce pays sans avenir », est-il « paradoxalement pour [lui] celui de tous les rêves » ? Est-ce à cause de cette grand-mère originaire du Levant, qu'il n'a pas connue ?

Une étrange langueur

Villin, ancien correspondant de presse à Beyrouth, signe un roman déroutant, bourré de références cinématographiques et littéraires. Son récit, dont le style gouailleur et ironique rappelle les Nestor Burma, de Léo Malet, baigne dans une étrange langueur. Le voyageur s'attarde dans l'appartement où Philby s'est ouvert le crâne, un soir de beuverie, peu avant sa fuite pour Moscou, en 1963. Il replonge avec mélancolie dans les Eurospy [...] Lire la suite