Trêve, prisonniers palestiniens.. Ce que l'on sait de la libération d'otages israéliens du Hamas

Elle était réclamée depuis de nombreuses semaines par les instances internationales et associations humanitaires. À partir de ce vendredi 24 novembre au matin, une trêve dans les combats entre Israël et le Hamas va temporairement entrer en vigueur à Gaza, après plus de six semaines d'affrontements.

Cette "pause humanitaire", acquise grâce à un accord entre les parties, permettra la libération d'otages israéliens, détenus à Gaza depuis les attaques du Hamas sur le sol de l'État hébreu le 7 octobre dernier.

• Une "pause humanitaire" dès 6 heures

Au 47e jour de la guerre déclenchée par une attaque d'une ampleur et d'une violence inédites dans l'histoire d'Israël menée le 7 octobre par le Hamas sur le sol israélien et au terme de semaines de négociations, un accord a été trouvé, notamment grâce à la médiation du Qatar.

Il prévoit une trêve militaire de quatre jours durant laquelle 50 otages israéliens - parmi les 240 enlevés le jour de l'attaque - seront libérés, en échange de prisonniers palestiniens.

"La pause humanitaire débutera à 6 heures vendredi (...) et le premier groupe de civils otages sera libéré aux alentours de 15 heures le même jour", a déclaré Majed Al-Ansari, le ministre qatari des Affaires étrangères, indiquant que 13 otages femmes et enfants seront libérés "aux alentours de 15 heures le même jour".

La branche armée du mouvement islamiste Hamas a confirmé le début de la trêve à 5 heures du matin vendredi, avec "un arrêt complet des activités militaires" pendant quatre jours, période au cours de laquelle 50 otages, des femmes et des enfants de moins de 19 ans, seront libérés".

• Des otages contre des prisonniers

En contrepartie de cette libération, le Hamas a exigé que pour chaque otage israélien "trois prisonniers palestiniens, femmes et enfants" soient aussi libérés.

"Nous avons posé comme condition que (...) les prisonniers femmes et enfants palestiniens" détenus dans les prisons israéliennes soient libérés "par ordre d'ancienneté", a déclaré Bassem Naïm, un des hauts cadres du Hamas. Ainsi, ceux qui sont en prison depuis le plus longtemps sortent les premiers, selon lui.

Israël a diffusé une liste de 300 prisonniers: 33 femmes, 123 adolescents de moins de 18 ans et 144 jeunes d'environ 18 ans, susceptibles d'être libérés par phases.

Figurent parmi ces détenus 49 membres du Hamas, 28 du Jihad islamique, 60 du mouvement Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas et 17 du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, nationaliste marxiste).

Le plus jeune détenu est Adam Abouda Hassan Gheit, 14 ans, originaire de Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël. Il a été arrêté en mai pour "sabotage (...), agression contre un agent de police et jet de pierres".

La plus âgée est une femme de 59 ans, Hanan Salah Abdallah Barghouti, arrêtée en septembre pour des "activités liées au Hamas, dont des transferts d'argent".

• Des modalités encore floues

Le début de l'application de l'accord était initialement prévu jeudi. Mais des discussions "de dernière minute" auraient repoussé l'échéance, selon un responsable palestinien à l'AFP.

Celles-ci ont porté sur les "noms des otages israéliens et les modalités de leur remise" à une tierce partie, a dit cette source proche des négociations. D'abord, il a été proposé "qu'ils soient remis via la Croix-Rouge pour les emmener en Egypte", frontalière de la bande de Gaza, avant d'être confiés "à la partie israélienne", a expliqué le responsable.

"Puis, il a été proposé d'abord une visite médicale de cadres de la Croix-Rouge pour s'assurer de l'état de santé des otages", puis une visite de celle-ci aux autres otages civils, "pour qu'ils s'assurent de leur état de santé", a-t-il ajouté.

L'identité des otages libérés n'est pas encore connue. Toutefois, le bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a indiqué disposer d'une "première liste de noms" d'otages et être en lien avec leurs familles. Il n'a pas précisé s'il parlait de tous les otages, de toutes les personnes susceptibles d'être libérées ou des premiers potentiellement concernés vendredi.

• L'incertitude des familles d'otages français

Même si les 50 otages israéliens libérés durant ces quatre jours ne représentent que moins d'un quart de tous ceux détenus à Gaza, cet accord a généré le soulagement des associations œuvrant pour leur libération.

Selon le ministre qatari des Affaires étrangères, cette période permettra également de "collecter des informations" sur les autres otages "pour envisager la possibilité de nouvelles libérations et prolonger ainsi la pause".

La tante de deux otages a déclaré ce vendredi à BFMTV garder "bon espoir" de revoir ses deux nièces, Daffna et Ella, une adolescente et une enfant. "On ne sait jamais ce que les gens du Hamas vont faire. Ils nous réservent de nombreuses surprises malheureusement", a expliqué Tagit. "Mais je sais que mes nièces vont être libérées et que cette tragédie humaine va prendre fin."

Concernant les huit Français disparus, aucune information n'a pour l'instant été révélée sur leur éventuelle libération. Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a déploré le "supplice" vécu par les familles d'otages français.

"C'est un supplice pour les familles parce qu'elles ne savent pas quels sont les otages qui seront libérés et surtout quand", a dit sur RMC Yonathan Arfi.

Mercredi, la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna a dit "espérer" des libérations de ces Français.

• L'espoir d'une paix durable

Tout au long de la trêve, Israël doit assurer la liberté de circulation des personnes, a réclamé le Hamas. L'accord prévoit également que l'aviation israélienne arrête de survoler le sud de la bande de Gaza pendant les quatre jours, et le nord pendant six heures chaque jour, et qu'un nombre croissant de convois humanitaires et de livraisons de carburant pénètrent dans le territoire assiégé.

Mercredi, la communauté internationale avait salué l'accord, y voyant un premier pas vers un cessez-le-feu durable. L'ONU l'a qualifié de "pas important" mais estimé que "beaucoup reste à faire".

Cette trêve limitée est "insuffisante" pour faire entrer l'aide nécessaire à Gaza, ont souligné plusieurs ONG internationales, réclamant un cessez-le-feu. Elle "ne peut pas seulement être une pause", a averti l'ambassadeur palestinien à l'ONU, appelant à l'utiliser pour empêcher la "reprise de l'agression" israélienne.

"Des centaines d'enfants palestiniens ne vont pas être tués grâce à cette trêve. Nous leur devons à eux et à tous les civils de la bande de Gaza de mettre un terme définitif à cette attaque criminelle contre le peuple palestinien", a-t-il déclaré.

Article original publié sur BFMTV.com