Stress tests: Barclays, Lloyds et Banco BPM en queue de peloton

par Huw Jones et Lawrence White

LONDRES (Reuters) - Les banques britanniques Barclays et Lloyds et l'italienne Banco BPM affichent les moins bons résultats aux tests de résistance du secteur bancaire de l'Union européenne publiés vendredi par l'Autorité bancaire européenne (ABE).

Toutes les 48 banques testées, représentant 70% des actifs bancaires de l'UE, ont respecté l'objectif de ratio minimum de fonds propres CET 1 en pleine application ("fully loaded") de 5,5% qui avait été retenu dans le scénario le plus défavorable.

Barclays affiche cependant un ratio CET 1 de 6,37% dans le scénario extrême à l'issue de ce bilan de santé, Banco BPM 6,67% et Lloyds 6,8%. Autre banque italienne, UBI Banca a terminé les tests avec un ratio de 7,46%.

Barclays a rappelé dans un communiqué qu'elle était confiante dans sa capacité à atteindre un ratio CET 1 de 13% environ. Lloyds a réaffirmé qu'elle tablait sur une génération de fonds propres de 200 points de base environ en 2018.

Banco BPM a de son côté fait valoir qu'elle n'avait pas été en mesure d'exclure, lors des stress tests, pour plus de 500 millions d'euros d'éléments exceptionnels hérités de la fusion en 2017 de Banco Popolare et de Popolare Di Milano, qui a donné naissance à BPM.

La Banque d'Italie a fait savoir que les quatre banques italiennes soumises aux tests avaient vu leur ratio CET1 chuter de 3,9% en moyenne dans le scénario extrême.

Intesa a par ailleurs déclaré que son ratio CET1 était de 9,66% sur une base "fully loaded". UniCredit, plus grande banque d'Italie, n'a communiqué que son ratio transitoire, qui s'est établi à 9,34%.

Deutsche Bank, qui suscitait des craintes étant donné sa difficulté à se redresser après trois pertes annuelles consécutives, a fini avec un ratio de 8,14%, ce qui classe la première banque allemande à la 40e place sur 48.

"Nous ne changerons pas notre gestion de la banque après les tests de résistance", a déclaré son directeur financier James von Moltke, en ajoutant que les méthodologies internes de Deutsche Bank différaient de celles utilisées par l'ABE.

"Nous ne prévoyons aucun impact du test sur nos niveaux de SREP (processus de contrôle et d'évaluation)", a-t-il dit, en faisant référence aux niveaux de fonds propres minimaux de Deutsche Bank définis par les régulateurs.

Parmi les six banques françaises soumises aux tests, la Société générale affiche un ratio CET 1 "fully loaded" de 7,61% dans le scénario extrême et BNP Paribas un ratio de 8,64%.

Ceux du Crédit agricole et de BPCE, maison mère de Natixis, ressortent à 10,21% et 10,68% respectivement.

Ces "stress tests" étaient les plus stricts conduits par l'ABE depuis l'instauration en 2009 de cet exercice destiné à identifier d'éventuels manques de fonds propres et à éviter des plans de sauvetage public comme lors de la crise financière il y a 10 ans.

Le scénario extrême retenu dégradait le ratio de fonds propres de base des 48 banques testées de 395 points de base une fois l'ensemble des règles de fonds propres appliquées.

LA ZONE EURO "PLUS RÉSISTANTE"

"Les résultats confirment que les banques participantes sont plus résistantes aux chocs macroéconomiques qu'il y a deux ans", a déclaré Danièle Nouy, présidente du conseil de supervision au sein de la BCE, dans un communiqué.

Les banques, s'est félicité la BCE, ont constitué des coussins de fonds propres élevés et ont fait des efforts pour faire face aux actifs risqués.

En moyenne, pour 33 banques de la zone euro testées, le ratio CET1 dans le scénario le plus extrême baisserait de 3,8% pour s'établir à 9,9% et resterait donc confortablement au-dessus du niveau de 5,5% considéré comme acceptable, a précisé la BCE.

Lors des tests de résistance précédents en 2016, l'érosion du capital était en moyenne de 3,3% à 8,8% dans le scénario extrême.

Mais l'exercice pratiqué cette année était basé sur l'hypothèse d'une situation macroéconomique plus dégradée et prenait en compte la règle comptable IFRS 9 introduite cette année, qui contraint les banques à provisionner bien plus tôt qu'auparavant pour leurs créances douteuses.

La BCE n'a pas publié de résultats par établissement bancaire et a déclaré qu'il n'y avait pas de seuil particulier considéré comme un échec aux tests mais qu'elle se servirait des données recueillies pour fixer pour chaque banque les besoins en capitaux dans le cadre de sa revue habituelle (SREP), dans le courant du mois de janvier.

Parallèlement aux tests de l'ABE, la banque centrale de la zone euro a évalué une soixantaine de banques supplémentaires mais n'a divulgué aucun chiffre pour cette partie de l'exercice.

La Banque d'Angleterre, qui publiera en décembre les conclusions de ses propres stress tests annuels, a de même estimé que les banques britanniques montraient qu'elles pouvaient absorber l'impact du scénario extrême de l'ABE.

L'évaluation de l'ABE s'est concentrée sur les niveaux de fonds propres mais les banques européennes continuent de souffrir de la comparaison avec leurs concurrentes américaines en termes de rentabilité, de qualité de prêts et de maîtrise des coûts.

L'indice boursier du secteur bancaire européen a chuté de plus de 20% cette année alors que celui du secteur financier américain affiche un repli limité à environ 7%.

(Avec Balazs Koranyi, Dominique Rodriguez et Matthieu Protard pour le service français)