«Toute l’Italie est bouleversée, la Sicile est en deuil»

A Catane dimanche.

Ils regardent autour d’eux, hébétés, sans proférer un seul mot… Exténués, les yeux luisants, ils portent les marques indélébiles de la tragédie à laquelle ils viennent d’échapper. Celle qui a eu lieu au large des côtes libyennes. Ce sont eux, les vingt-huit survivants d’une hécatombe sans précédent. Une marée de morts, une marée de larmes pour ces victimes qui n’imaginaient pas un tel destin. Ils fuyaient la misère, la guerre qui déchire l’Afrique, et cela dans l’espoir d’une vie meilleure, d’un avenir plus clément, mais ils ont été aspirés par la mer, donnés en pâture aux vagues. Journaux télévisés, quotidiens, réseaux sociaux, le tam-tam médiatique a été immédiat en Italie.

Dans un premier temps, on a annoncé 700 cadavres, puis plus de 900. Et même l’auditeur le plus froid a senti l’angoisse s’insinuer en lui, en entendant ces terribles nouvelles. Toute l’Italie est bouleversée, la Sicile est en deuil. On ne peut rester indifférent devant un tel drame, on ne peut que se mettre à la fenêtre du monde et regarder de loin. Et si c’était nous, ou l’un de nos proches, qui s’était trouvé dans ce bateau ? L’important n’est pas ce chiffre de 900 morts : un seul mort suffit pour qu’il s’agisse d’une tragédie. «Il y avait beaucoup d’enfants, environ 500», a témoigné le premier des survivants, originaire du Bangladesh, arrivé à Catane dimanche après-midi. «La plupart de mes compagnons de voyage étaient enfermés dans les cales du bateau, et les passeurs avaient condamné les issues.»

Là-dessous, il y avait les parias, c’est-à-dire les sans droit, ceux qui avaient payé une somme moins élevée pour la traversée, étant les plus pauvres. Dès que le bateau a commencé à prendre l’eau, ils ont coulé à pic. A une profondeur telle que les opérations de secours ont été rendues encore plus difficiles pour des hommes qui, depuis des jours, luttent contre la montre, dans l’espoir de retrouver un survivant accroché à une bouée ou à une épave. Mais la plupart des gens sont au fond de l’eau, des (...)

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