Le Tour de France n'existerait peut-être pas sans l'affaire Dreyfus

Le 2 juillet 2003 à Paris, un véhicule de la caravane du Tour de France du centenaire rend hommage à Maurice Garin, premier vainqueur de l'épreuve en 1903. | Joël Saget / AFP
Le 2 juillet 2003 à Paris, un véhicule de la caravane du Tour de France du centenaire rend hommage à Maurice Garin, premier vainqueur de l'épreuve en 1903. | Joël Saget / AFP

Samedi 22 décembre 1894. Le verdict tombe. Après deux jours d'un procès tenu à huis clos, le capitaine Alfred Dreyfus est condamné pour haute trahison. Il est envoyé au bagne sur l'île du Diable en Guyane et dégradé de son statut de capitaine au sein de l'armée française.

À la genèse de tout cela, il y a la découverte d'un bordereau, à la fin du mois de septembre 1894. Cette lettre est adressée à Maximilian von Schwartzkoppen, attaché militaire prussien à l'ambassade d'Allemagne, divulguant à l'Empire allemand des renseignements confidentiels concernant l'armée française. Le bordereau n'est ni daté ni signé.

Au sein des services de renseignement français, on recherche le traître. Une enquête est ouverte en interne. Sur fond d'antisémitisme, les soupçons se portent sur Alfred Dreyfus, juif d'origine alsacienne. Accusé d'être l'auteur de cette lettre, le capitaine est arrêté quelques jours plus tard, puis condamné par le Conseil de guerre à la dégradation et à la déportation.

L'affaire Dreyfus est une calomnie. Le premier intéressé plaide son innocence, à juste titre. En 1895, le lieutenant-colonel Marie-Georges Picquart découvre le véritable auteur du bordereau, un officier dénommé Ferdinand Walsin Esterhazy. En interne, on tente d'étouffer la vérité. Ferdinand Walsin Esterhazy est protégé, mais sera trahi par son écriture, similaire en tout point à celle du bordereau. Il doit être jugé devant le tribunal militaire. Le 11 janvier 1898, le Conseil de guerre l'acquitte à l'unanimité, un verdict honteux.

Scandalisé, Émile Zola se mêle à cette affaire et apporte son soutien à Alfred Dreyfus. Dans son célèbre pamphlet «J'accuse…!», publié le 13 janvier 1898 dans le journal L'Aurore, l'écrivain français expose publiquement son engagement et plaide pour l'innocence du capitaine contraint à l'exil en Guyane. L'opinion publique s'empare de cette affaire qui divise la France en…

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