Pas toujours facile d’être un enfant d’expat

Quand on lui demande – et on le lui demande souvent – d’où il vient, Conor Knell, journaliste en Nouvelle-Zélande, ne peut pas donner une réponse simple et rapide. Voici comment il résume son parcours pour le site d’information Stuff :

Je suis né en Angleterre, j’ai déménagé à Paris quand j’avais 15 mois, je suis retourné en Angleterre à 8 ans, j’ai déménagé à Singapour à 9 ans, et enfin, en Nouvelle-Zélande à 14 ans. Quant à mes parents, mon père est nord-irlandais et ma mère, issue d’une famille de missionnaires anglais, a été élevée au Ghana et au Kenya. Voilà pourquoi j’ai trois passeports : irlandais, britannique et néo-zélandais.”

Conor Knell, qui plaisante en disant que son pays d’origine est le no man’s land après la sécurité aux départs des aéroports, est loin d’être seul dans ce cas. Les enfants d’expats sont nombreux à avoir plusieurs ports d’attache, tout en se sentant parfois étranger dans ce qui est supposé être leur pays, mais où ils ont souvent passé peu de temps.

Conor Knell regrette que le choc culturel que subissent ces enfants soit largement ignoré. C’est particulièrement vrai quand un enfant rentre vivre dans le pays de ses parents, dont il parle la langue mais dont il ignore tout : “On oublie que ces migrants cachés sont des nouveaux arrivants, malgré ce que dit leur passeport. Et ils font face à un tourbillon de défis lorsqu’ils ‘rentrent à la maison’.” Ils sont ce qu’on appelle des “enfants de la troisième culture” (TCK, Third Culture Kid, en anglais), une expression popularisée par la sociologue américaine Ruth Useem pour désigner également les enfants qui n’ont ni la culture de leur père ni celle de leur mère, mais celle du pays où ils ont grandi.

Conor Knell rappelle que :

En 2017, 4,5 millions d’enfants dans le monde fréquentaient des écoles internationales. En 2021, ce nombre était proche de 6 millions. À mesure que le capitalisme mondialisé se développe, le nombre de TCK augmente avec lui.”

Le père de Conor Knell travaillait dans une grande entreprise américaine d’assurance, ce qui a fait de son fils “un TCK d’entreprise”. Cela lui a permis d’avoir une vie agréable matériellement. Mais, généralement, les gens surestiment le luxe dans lequel ces familles baignent et sous-estiment à l’inverse le profond sentiment d’instabilité et d’insécurité que cette vie donne aux plus jeunes. En effet, la vie d’expatrié est une vie coupée des réseaux de soutien habituels, des liens réconfortants. “Pas de grand-mère au bout de la rue, pas de cousins ​​à retrouver le week-end, pas de copains de longue date que vous connaissez depuis la maternelle. Vous êtes là-bas tout seul. Chaque pays signifie repartir de zéro”, souligne Conor Knell.

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