Un « Me too des enfants » ? La secrétaire d’État à l’enfance « dubitative » sur la forme

MARSEILLE, FRANCE - 2022/09/09: Charlotte Caubel, Secretary of State in charge of Childhood seen during the visit The wife of the President of the French Republic, Mrs. Brigitte Macron, inaugurated in Marseilles the new Pediatric Reception Unit for Children at Risk (UAPED) designed to provide child victims with a safe environment to talk and receive care. This service is integrated into the children's emergency department of the La Timone Hospital in Marseille. (Photo by Laurent Coust/SOPA Images/LightRocket via Getty Images)

MALTRAITANCE - Au regard de tous les progrès permis par la libération de la parole des femmes et le mouvement « Me Too », ne serait-il pas judicieux de permettre aux enfants victimes de violences de faire de même ? C’est l’idée, défendue par Yaël Braun-Pivet dans une interview au JDD , ce dimanche 20 novembre, à l’occasion de la journée internationale des droits de l’enfant.

Alors que les violences sexuelles sur les enfants, y compris l’inceste, touchent environ 160 000 mineurs par an dans l’Hexagone, la présidente de l’Assemblée nationale a défendu l’idée d’un mouvement de libération de la parole des enfants. « Les enfants doivent savoir que les élus les considèrent, les écoutent, et gardent leurs intérêts à l’esprit lorsqu’ils font la loi », a-t-elle estimé. « Trop souvent, les enfants se heurtent à un silence, parfois à une complaisance, avait-elle dénoncé. Ils ne savent pas forcément que les faits dont ils sont victimes ne constituent pas la norme et sont interdits par la loi. »

« Un bébé secoué ne peut pas parler »

Mais l’idée ne fait pas forcément l’unanimité au gouvernement, en tout cas sur la forme. Invitée de BFMTV ce lundi, la secrétaire d’État à l’enfance, Charlotte Caubel, s’est dit « dubitative » à l’idée d’un « Me Too » plaqué sur le modèle de celui des femmes. « Un enfant, un bébé secoué ne peut pas parler. Un enfant de quatre ans qui est victime d’inceste ne sait pas qu’il est victime de maltraitance. Un enfant de douze ans (...) n’ose pas parler parce que son bourreau fait fréquemment partie de son environnement », a souligné la ministre déléguée.

Et Charlotte Caubel de développer : « Outre le fait que je ne crois pas qu’il soit très utile que les enfants mettent leur vie en exergue sur le numérique, il ne faut pas faire peser notre responsabilité sur les enfants ».

Bien que d’accord « sur le fond » avec la présidente de l’Assemblée nationale, la secrétaire d’État à l’enfance juge plus judicieux de renforcer les outils préexistants, tels que les numéros d’écoute spécialisés, comme le 119. Mais également de faire en sorte qu’enfants, comme parents, s’en saisissent plus régulièrement.

Des formations dans les écoles et les lieux de loisirs

Sans appeler les enfants victimes de violence à s’épancher sur Twitter, Yaël Braun-Pivet avait expliqué vouloir « lancer un « MeToo » de l’enfance » basé sur « un déploiement de moyens et de formations » dans les écoles et les lieux de loisirs. Mais cela ne suffira pas sans « l’engagement de la société entière », avait prévenu la Nancéenne, car « voter des lois ne suffit pas pour régler des problèmes ».

La présidente de l’Assemblée raconte également dans le JDD que c’est en partie sa propre histoire familiale qui a motivé sa réflexion : «  Ma mère a été une enfant battue par son beau-père (...) Lorsqu’elle se sauvait pour trouver du secours au commissariat, les policiers la reconduisaient systématiquement à la maison. […] Cette histoire m’a forgé en tant que femme et femme politique ».

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