Todd Haynes : « Notre époque érige des barrières au lieu de les renverser »

Pour Carol, une adaptation d’un livre très autobiographique de Patricia Highsmith, on trouve dans l’« image book » de Todd Haynes des photos d’Audrey Hepburn et de Grace Kelly, références pour les personnages que jouent Rooney Mara et Cate Blanchett.  - Credit:DR
Pour Carol, une adaptation d’un livre très autobiographique de Patricia Highsmith, on trouve dans l’« image book » de Todd Haynes des photos d’Audrey Hepburn et de Grace Kelly, références pour les personnages que jouent Rooney Mara et Cate Blanchett. - Credit:DR

La tradition veut qu'un voile de mystère entoure jusqu'à leur projection officielle les films en compétition au Festival de Cannes… Mais, avant même que la 76e édition ne commence (ce sera le 16 mai prochain), Todd Haynes brûle de parler de May-December, son long-métrage, porté par Julianne Moore et Natalie Portman et qui croise les influences de son idole Douglas Sirk, d'Ingmar Bergman et de Jean-Luc Godard. « C'est un mélodrame dont je suis très fier, nous confie le cinéaste. Audacieux, provocant, notamment sur les relations amoureuses… Une sorte de mélodrame d'horreur ! Comme une combinaison de Safe (1994) et de Loin du paradis (2002). »

Ces deux titres essentiels de sa filmographie (tous deux avec Julianne Moore) reviennent sur grand écran à l'occasion de la rétrospective intégrale, sous-titrée « Chimères américaines », que le Centre Georges-Pompidou a la bonne idée de consacrer à Todd Haynes jusqu'au 29 mai. À 62 ans, le cinéaste – établi depuis plusieurs décennies à Portland, dans l'Oregon – vit une consécration. « J'ai longtemps été à la marge par ma sexualité, les milieux arty dans lesquels j'évoluais, le fait que je me suis installé à Portland, mes références d'une autre époque… L'époque a changé, mais je suis toujours la même personne ! Je pensais et je pense toujours que voir des films de Douglas Sirk, c'est plonger à la source de ce qui fait l'art du cinéma », explique-t-il. Plus que tout autre genre, Haynes a fait sien celui du mélodrame. Loin [...] Lire la suite