De Titi à taulier en un clin d'œil: Warren Zaïre-Emery fête ses 18 ans et son évolution est affolante

De Titi à taulier en un clin d'œil: Warren Zaïre-Emery fête ses 18 ans et son évolution est affolante

En général, un jeune homme de 18 ans traîne sur Fifa au lieu de penser à son bac blanc de philo ou râle contre les heures de cours qui s'étirent. Mais pour Warren Zaïre-Emery, la vie est un poil différente. Ce vendredi, le milieu de terrain du Paris Saint-Germain célèbre son dix-huitième anniversaire. Rouage essentiel du jeu du leader de la L1, étincelant sur la scène européenne, "WZE" a fait cet automne ses premiers pas avec les Bleus. Ses temps de passage sont déjà équivalents voire supérieurs à bon nombre de cracks du football mondial.

Auteur d'un nouveau match plein sur la pelouse de la Real Sociedad en huitième de finale retour de la Ligue des Champions, Warren-Zaïre Emery n'est plus une simple révélation du football européen. Sur les 21 matchs de L1 où il était disponible cette saison, il en a disputé 16 comme titulaire, pour deux buts et deux passes décisives. En Ligue des champions, le natif de Montreuil n'a manqué que le déplacement à Newcastle (blessure) et a disputé l'intégralité des sept autres matchs du club parisien dans la compétition. Plus un espoir donc, mais un taulier.

L'une des explications de l'ascension fulgurante, et pour le moment ininterrompue, du milieu de terrain est la gestion de son temps de jeu. Depuis sa première titularisation avec le PSG, le 15 janvier 2023 à Rennes, le champion d'Europe des -17 ans n'a pas brûlé les étapes. Son physique suit et il n'a été que très peu blessé.

Une première sélection inoubliable

La plus grosse blessure de son début de carrière pro, Zaïre-Emery l'a contractée lors de sa première cape avec les Bleus, le 18 novembre dernier. Face à Gibraltar, le fils de Franck Emery, qui a joué en deuxième division avec le Red Star de 1996 à 1998, a vécu une soirée particulièrement mouvementée. Pour sa première titularisation avec les A, celui qui a été international depuis les U16 a marqué à sa manière, après une projection jusque dans les six mètres adverses.

Mais au moment de frapper, il a subi le tacle saignant du défenseur adverse. Verdict: entorse de la cheville droite. Au départ annoncé out pour la fin de l'année 2023, "WZE" a fait une rééducation express pour revenir dès le 10 décembre. Un retour rapide mais pas précipité, car loin d'une rechute c'est surtout un Zaïre-Emery revigoré qui a brillé dès son retour, notamment face à Dortmund.

Très peu blessé, le milieu de terrain parisien a été accompagné dans son éclosion en club par Christophe Galtier puis Luis Enrique, et en sélection avec le rôle prépondérant joué par Thierry Henry. Le sélectionneur des Espoirs, qui n'avait pas hésité à faire de Zaïre-Emery son capitaine, a toujours plaidé pour un temps de jeu mesuré pour le milieu du PSG. Didier Deschamps a poursuivi dans la même voie.

"Tout va très vite pour lui, mais il a cette capacité à pouvoir assumer toutes ces responsabilités", assurait le sélectionneur des Bleus au moment de sa première convocation chez les A.

En avance sur Messi, Mbappé et Rooney

À lui non plus, on ne parle plus d'âge. Car Warren Zaïre-Emery empile les records depuis ses débuts en professionnels. Troisième plus jeune joueur de l'histoire à porter le maillot de l'équipe de France (17 ans et 255 jours), après Félix Vial en 1911 (17 ans et 76 jours) et Maurice Gastiger en 1914 (17 ans et 128 jours), plus jeune joueur et buteur de l'histoire du PSG en L1 et en LDC, le milieu formé à Aubervilliers est en avance sur la plupart des grands joueurs de ce sport à son âge.

À 18 ans, Wayne Rooney comptait 54 matchs chez les pros, Mbappé 28 et Lionel Messi 9. Warren Zaïre-Emery en totalise déjà 62. L'Anglais Phil Foden (23 ans), prodige de la trempe du Parisien, avait lui disputé seulement 10 matchs avec Manchester City. Seul Jude Bellingham, avec 96 apparitions à ce stade de sa carrière, dont 41 en Championship, fait mieux.

C'est surtout la dimension qu'il a très rapidement prise au PSG qui bluffe les observateurs. A tel point que le club de la capitale veut tout faire pour verrouiller "le nouveau Steven Gerrard du club". Sur la scène internationale, il devance aussi ses illustres prédécesseurs. Avec déjà 10 matchs de Ligue des champions à son actif, il est en avance sur les légendes de l'époque comme Ronaldo, qui n'en comptait que trois à son âge, ou Lionel Messi, qui n'en avait disputé qu'un seul.

"J'essaie de travailler tout le temps après les entraînements, j'arrive en avance. J'essaie d'être carré. J'ai des objectifs, je suis motivé pour y arriver", expliquait au site du PSG celui qui se fait surnommer "le robot" par certains partenaires.

Au point tactiquement et physiquement

Le garçon, de nature effacé voire timide, ne semble pas impressionné par les paliers qu'il franchit. Sa joie extrêmement mesurée lors de l'annonce par Deschamps de sa présence dans la liste témoigne d'une maturité précoce. Sur le terrain, "WZE" l'est beaucoup moins. Ses qualités dans la récupération et la projection ont donné des idées à ses différents coachs. Passé directement des U19 du PSG à la L1, il n'a pas connu de temps d'adaptation dans les divisions inférieures.

"Je n’ai jamais vu un joueur comme Warren, si intelligent pour compenser ce que ses coéquipiers font", expliquait Luis Enrique le 24 février.

"En tant qu’entraîneur, cela n’a pas de prix et c’est quelque chose que presque personne ne voit. Je suis très content que Warren soit maintenant une réalité. J’espère qu’il aura cette faim et cette illusion pendant de nombreuses années parce que c’est un joueur primordial pour nous."

L'entraîneur parisien lui a confié les clés de son milieu de terrain, ce qui n'est pas le cas en équipe de France. En vue de l'Euro 2024, Zaïre-Emery doit peaufiner son physique pour résister à l'intensité des grandes compétitions. A l'aise sous pression, il lui reste une marge de progression, logique, sur le plan athlétique. Il lui est arrivé cette saison de se faire bouger, comme à Newcastle début octobre où il n'avait pas pu éviter le naufrage collectif, ou lors de la défaite face à Nice.

"Là où il m'impressionne le plus c'est au niveau de l'impact physique expliquait Thierry Henry en août dernier. La façon dont il peut récupérer le ballon dans les pieds des adversaires, les faire tomber... Il va falloir bien s'occuper de lui et qu'il grandisse normalement."

Sous contrat jusqu'au 30 juin 2025 et en très bonne voie pour prolonger avec le club parisien, Warren Zaïre-Emery n'a jamais caché son envie de s'inscrire dans la durée au PSG. A défaut de passer beaucoup de temps sur le jeu, il devrait y rendre bien des services aux joueurs de Fifa.

Article original publié sur RMC Sport