« Tirailleurs » : Ces figurants du film d’Omar Sy menacés d’expulsion

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Marie-Clémence David 2022 - Unité - Korokoro - Gaumont - France 3 Cinéma - Mille Soleils - Sypossible Africa

Plusieurs figurants du film de Mathieu Vadepied sont visés par des OQTF.

CINÉMA - Ils s’appellent Oumar, Ousmane ou encore Fodé. Ils ont comme point commun d’avoir participé au tournage de Tirailleurs de Mathieu Vadepied, avec Omar Sy, quand la production s’est installée à Neufmaison dans les Ardennes, en 2021. Si le film connaît un beau démarrage au box-office français, pour eux, c’est la douche froide.

Selon l’association Réseau Éducation Sans Frontières Ardennes, ce ne sont pas moins de quatre figurants du film qui sont menacés d’expulsion et sont visés par une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Ils ne sont pas seuls puisqu’au total près de 25 jeunes, originaires d’Afrique, sont visés pas une OQTF de la préfecture des Ardennes.

« C’est une symbolique évidemment très forte, qui est assez bouleversante. Petits-fils de tirailleurs, arrière-petits-fils de tirailleurs, jouant dans un film sur les tirailleurs, et aujourd’hui obligés de partir », constatent tristement Amélie Lambert, de Réseau éducation sans frontières Ardennes auprès de France Bleu.

Pour RESF Ardennes, au-delà « du caractère symbolique que revêt la menace d’expulsion de ces quatre figurants », elle est aussi « incompréhensible dans un contexte où « les patrons ardennais peinent à recruter ». Tous les quatre, assure l’association, sont justement soutenus par leur patron.

« Ils travaillaient (avant de recevoir leur OQTF), ont obtenu des diplômes lors de leur scolarisation en France, comme un CAP ou un bac pro en électricité, en peinture, en restauration. Ce sont des métiers en tension », explique une représentante de RESF Ardennes au Parisien.

Des recours déposés

Oumar, 19 ans, arrivé du Mali à l’âge de 15 ans, a obtenu un CAP de serrurier-métallier, un contrat d’apprentissage puis un CDD, souligne Le Monde, avant que l’OQTF ne vienne tout bouleverser. « Ils disent que mes papiers sont faux, mais il fallait le dire dès le début, du coup ! », s’insurge le jeune homme auprès de nos confrères.

L’employeur de Fodé est tout aussi remonté : « On lui fait signer un contrat d’apprentissage, on le forme, alors que personne ne veut plus bosser dans nos métiers, et là, du jour au lendemain, on nous dit « c’est terminé » ? ». Quant à Ousmane, arrivé de Guinée à l’âge de 16 ans, il lui est reproché un contrat en intérim trop précaire, ainsi que d’avoir échoué à son CAP et ce, alors qu’il a passé un bac pro.

« Ils ne me connaissent même pas », tance-t-il quand RESF Ardennes déplore un double discours des pouvoirs publics. « Cet intérim est pourtant présenté sous un tout autre angle par le gouvernement, qui vante sa souplesse et son adaptabilité (...) Ça ne semble pas aberrant qu’un jeune de 18-19 ans qui vient de sortir de ses études commence à bosser en intérim avant de se stabiliser. Invoquer cette précarité à ce stade, c’est curieux », s’étonne l’association auprès de France 3 Régions.

Pour la plupart de la vingtaine d’OQTF, un recours a été déposé. En attendant, les personnes concernées peuvent circuler et vaquer à leurs occupations, mais ne peuvent pas travailler.

Contactée, la préfecture des Ardennes indique à nos confrères que les décisions de délivrer une obligation de quitter le territoire sont prises en fonction d’un ensemble et pas seulement « d’un seul élément ». Elle ajoute que le fait d’avoir figuré dans le film ne peut pas non plus compter dans le dossier et précise d’ailleurs « n’avoir connaissance que d’une situation déclarée de figurant pour le film, en cours d’instruction par les services ». Joint par Le HuffPost, le réalisateur Mathieu Vadepied n’a pas souhaité commenter pour le moment.

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