Tierno Monénembo – L’Afrique face à la guerre du blé

Alors même que Moscou pointe l'Afrique comme victime colatérale des sanctions occidentales à son encontre, l'UE a versé une aide supplémentaire de quelque 600 millions d'euros aux pays frappés par les pénuries alimentaires.
Alors même que Moscou pointe l'Afrique comme victime colatérale des sanctions occidentales à son encontre, l'UE a versé une aide supplémentaire de quelque 600 millions d'euros aux pays frappés par les pénuries alimentaires.

Une balle éclate en Ukraine et c'est la famine au Sahel. L'effet « mondialisation » fait penser à « l'effet papillon » cher à Edward Lorenz, l'un des maîtres à penser de la fameuse théorie du chaos. « Le battement d'ailes d'un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? » Pour extraordinaire que cela paraisse, ce scénario catastrophe est plausible sur le plan météorologique aussi bien que sur le plan alimentaire. Une feuille morte tombe en Australie et c'est l'avalanche au Groenland ! Un grain de blé se perd à Kiev, et c'est la pénurie de semoule à Bamako ! Il n'y a pas de petite querelle, disait Hampâté Bâ. Il n'y a pas de petite cause non plus. C'est un simple soupir de bébé qui déclenchera le big-bang final, si ça se trouve. La vie est un tout. C'est pour avoir oublié cela que nous avons bâti ce monde absurde de frontières factices et de nations belliqueuses.

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Mais bon, ce n'est pas en 2022 que nous allons corriger les erreurs commises au Néolithique. Le nationalisme est devenu notre dogme et la guerre, notre mode vie. Partout, même sur les atolls du Pacifique, la géopolitique a pris le pas sur la morale et la religion. Rangez votre bible, parlez-moi d'intérêt et de stratégie ! Point de regret ! Si l'habitude est une seconde nature, l'erreur, elle, est une seconde erreur. Faisons comme de Gaulle, prenons le monde « tel qu'il est » et tant pis si plus personne ne peut limit [...] Lire la suite