Tierno Monénembo – De Charybde en Scylla

Depuis trois ans, en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale, des putschistes ont pris la place de présidents vieillissants, autoritaires, ou débordés par la violence djihadiste.  - Credit:OLYMPIA DE MAISMONT / AFP
Depuis trois ans, en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale, des putschistes ont pris la place de présidents vieillissants, autoritaires, ou débordés par la violence djihadiste. - Credit:OLYMPIA DE MAISMONT / AFP

Nous ne pleurerons pas la mort de la dynastie Bongo, mais nous attendrons de voir avant de mêler notre voix au délire avec lequel la rue accueille Brice Oligui Nguema, le nouvel homme fort de Libreville. Les raisons qui nous poussent à la prudence ne manquent pas par les temps qui courent. L'avalanche de coups d'État survenue avant la chute de celui qu'il faut bien appeler le président Bongo II a fait de nous le chat échaudé du proverbe.

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Chant des sirènes

Nous avons soutenu dans ces colonnes (en nous bouchant le nez, c'est vrai !), tour à tour, les putschs de Bamako, de Conakry et de Ouagadougou. Nous pensions en effet que le troisième mandat d'Alpha Condé était un crime contre l'État et que le Mali et le Burkina Faso se trouvaient en pleine déliquescence du fait de l'incurie sans borne des régimes d'Ibrahim Boubacar Keïta et de Marc Roch Kaboré. Nés dans une génération ravagée par 65 ans de pseudo indépendance, je veux dire d'esbroufe et de coups de trique, affamés de pain et de liberté, accrochés à l'espoir comme le naufragé à l'épave, nous avons une tendance irrépressible à succomber au chant des sirènes.

 - Credit: ©  SEYDOU DIALLO / AFP
- Credit: © SEYDOU DIALLO / AFP

Tierno Monénembo. © SEYDOU DIALLO / AFPNous nous disions qu'à défaut de devenir de nouveaux Rawlings ou de nouveaux Sankara, Assimi Goïta, Mamadi Doumbouya et Ibrahim Traoré auraient au moins le mérite de nous faire oublier Moussa Traoré, Lansana Conté, Yahya Jammeh et consorts [...] Lire la suite