« Sur le Tibet, Emmanuel Macron établit un précédent »

Emmanuel Macron le 6 mai, lors du dîner de gala de la visite d'État de son homologue chinois Xi Jinping à l'Élysée.  - Credit:Blondet Eliot -pool/Sipa
Emmanuel Macron le 6 mai, lors du dîner de gala de la visite d'État de son homologue chinois Xi Jinping à l'Élysée. - Credit:Blondet Eliot -pool/Sipa

Juste avant d'accueillir Xi Jinping, Emmanuel Macron a brisé un tabou : il a rencontré un dirigeant politique élu des exilés tibétains. Car on l'oublie souvent : le Tibet est un pays occupé. Conquête de l'Empire chinois, il s'était émancipé au début du XXe siècle, et a été de nouveau annexé par la République populaire de Chine au travers d'une invasion dans les années 1950. Sous l'impulsion du 14e dalaï-lama, Tenzin Gyatso, qui prépare sa succession, la théocratie en exil s'est dotée d'un gouvernement civil, élu par la diaspora.

Siégeant à Dharamsala, en Inde, au pied de l'Himalaya, son chef, le sikyong (« dirigeant » en tibétain) Penpa Tsering, élu en 2021, s'active désormais pour unir les Tibétains et les sortir de leur isolement – l'âge d'or de la cause tibétaine, quand le dalaï-lama recevait le prix Nobel de la paix 1989, étant aujourd'hui passé, éclipsé par d'autres dissidences contre le Parti communiste chinois.

À LIRE AUSSI La réincarnation du dalaï-lama affole la Chine

De passage à Paris mi-mai, Penpa Tsering est revenu sur sa rencontre avec le président français et sur les enjeux de la cause tibétaine. Entretien.

Le Point : Vous avez rencontré Emmanuel Macron début mai et lui avez offert une image de sa rencontre avec le dalaï-lama en 2016. Que lui avez-vous dit ?

Penpa Tsering : Nous avons parlé d'abord de cette photographie. Il s'est dit nostalgique de voir cette image. Alors, je lui ai dit : « N'oubliez pas le Tibet ! » Il m'a répondu : « Bien sûr q [...] Lire la suite