Thyroïde : alerte aux traitements inutiles

Les dysfonctionnements de la glande thyroïdienne - essentielle à l'organisme - entraînent très souvent une cascade d'examens et de traitements qui pourraient être réduits et mieux adaptés. La moitié des 30.000 ablations annuelles de la thyroïde en France seraient ainsi évitées ! Aujourd'hui, l'heure est à la désescalade.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°923, daté janvier 2024.

C'est une toute petite glande en forme de papillon de quelques centimètres pesant environ 20 grammes. Elle est pourtant une clé de voûte de notre organisme. Il y a tout juste six ans, la thyroïde ou plutôt les hormones qu'elle sécrète étaient au cœur de la fameuse "affaire" du Levothyrox. Une nouvelle formule du médicament modifiant l'un de ses constituants - un excipient, pas le principe actif - avait été le point de départ d'un véritable imbroglio sanitaire et judiciaire.

Parfois en effet, tout se dérègle dans cette structure située juste devant le larynx. Le plus souvent en raison de l'âge, d'antécédents familiaux thyroïdiens ou d'une alimentation carencée en iode. Apparaissent alors au cœur de la glande des nodules. Très fréquents, présents chez une femme sur deux après 50 ans, ils se découvrent soit à la palpation, soit fortuitement lors d'une échographie demandée pour une tout autre raison. Car les signes de dérèglement de cette glande - l'hypothyroïdie ou l'hyperthyroïdie - n'apparaissent que dans 15 % des cas.

Dans le cerveau, l\'hypophyse sécrète une hormone, la TSH, qui stimule la thyroïde.  Cette glande produit des hormones T3 et T4 qui régulent de nombreuses fonctions de notre corps : digestion, rythme cardiaque, humeur, libido… Crédit : BRUNO BOURGEOIS
Dans le cerveau, l\'hypophyse sécrète une hormone, la TSH, qui stimule la thyroïde. Cette glande produit des hormones T3 et T4 qui régulent de nombreuses fonctions de notre corps : digestion, rythme cardiaque, humeur, libido… Crédit : BRUNO BOURGEOIS

Crédits : Bruno Bourgeois

Selon leur taille et leur localisation, les nodules peuvent aussi s'avérer plus ou moins gênants (déglutition, parole). Mais en cas de suspicion de malignité et ce malgré un bilan complet (échographie, cytoponction à l'aiguille, parfois scintigraphie), le doute peut persister sur leur nature cancéreuse dans 30 % des cas. Ces situations complexes posent en pratique des questions difficiles de prise en charge. S'il s'agit d'un cancer, est-ce une forme lente ou agressive ? Si un nodule est potentiellement malin mais tout petit, faut-il forcément le retirer ? En sachant que cela expose le patient aux risques secondaires (cicatrice, modification de la voix dans 4 % des cas) ainsi qu'à un traitement substitutif hormonal à vie. Ou bien peut-on se contenter d'une simple surveillance régulière, comme face à certains cancers de la prostate ?

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