Dans le thriller “Le Piège de Huda”, des Palestiniennes dans la tourmente

“Un documentaire aurait été impossible. Je ne pense pas que les victimes auraient accepté de me parler : elles auraient eu davantage de problèmes encore le faisant. Et bien sûr, les services secrets ne vont rien dire”, explique à Arab News le réalisateur palestinien Hany Abu-Assad. “L’une des rares victimes à avoir osé parler, il y a quinze ou vingt ans, a écrit une lettre et s’est suicidée. La fiction était donc la seule solution.”

Le Piège de Huda, le nouveau film de Hany Abu-Assad (Paradise Now, Omar), s’inspire de faits réels. L’histoire, rapportée par la presse, d’un “salon de coiffure qui recrutait de jeunes Palestiniennes pour les services secrets israéliens en les mettant dans des situations compromettantes et en les faisant chanter”, résume le cinéaste, natif de Nazareth. Les victimes se retrouvaient placées devant un choix impossible, entre collaboration avec l’ennemi et déshonneur familial et social.

Deux femmes piégées

Le long-métrage, qui sort ce 1er février en France, a pour décor Bethléem, en Cisjordanie occupée. L’action déroule en parallèle le destin de deux femmes : Huda (Manal Awad), la propriétaire d’un salon de coiffure, contrainte par le Mossad à devenir agent recruteur, et Reem (Maisa Abd Elhadi), une jeune mère de famille qui compte parmi ses clientes et victimes. Quand la première est démasquée par la résistance palestinienne, c’est leur destin à toutes deux qui bascule.

À partir de ce point, le film explore en parallèle deux genres. D’un côté, les scènes d’interrogatoire de Huda qui, face à Hasan (Ali Suliman), un combattant palestinien, s’efforce de ne pas trahir l’identité des femmes qu’elle a “recrutées” : celles-là empruntent au registre de l’oppressant huis clos théâtral, chacun des deux personnages prenant tout à tour le contrôle des échanges. De l’autre, les tentatives de Reem pour se soustraire au chantage du Mossad et ne pas être identifiée comme une taupe par les combattants palestiniens : elles relèvent davantage du thriller.

Cependant, interrogé par Arab News, Hany Abu-Assad raconte qu’il a tenu à tourner son film “comme un documentaire”. “La plupart des scènes sont tournées en plan-séquence, donnant au spectateur l’impression d’être piégé dans le même temps et le même lieu que les personnages. On marche avec les personnages, on s’assied avec eux. Et c’est filmé caméra à l’épaule, ce qui renforce cette impression.”

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