Thierry Breton appelle à quitter X (Twitter) pour Bluesky, son principal concurrent

Le commissaire européen au Numérique reproche à la plateforme d’Elon Musk de diffuser de fausses informations et des images violentes sur le conflit Israël-Hamas.

RÉSEAUX SOCIAUX - Un pied de nez à Elon Musk. Le commissaire européen au Numérique, Thierry Breton, a annoncé ce mercredi 11 octobre son arrivée sur le réseau social Bluesky, un rival de X (ex-Twitter), après avoir mis en garde la plateforme et son patron sur la diffusion de fausses informations liées au conflit en Israël.

Dans un message posté sur X, il a laissé entendre en faisant un jeu de mots que Bluesky (« Ciel bleu ») pouvait être plus vertueux que le service racheté par le milliardaire américain. « Bonjour ! Même si l’herbe n’est pas (toujours) plus verte de l’autre côté, le ciel est parfois... plus bleu. Restons en contact ! », a-t-il écrit dans un message accompagné d’une image de son profil Bluesky.

Ce nouveau réseau a été créé par le cofondateur de Twitter, Jack Dorsey. Déjà très populaire dans la Silicon Valley, il est toujours en phase de développement et n’est accessible que sur invitation. Bluesky ressemble visuellement et en pratique à Twitter, car ses concepteurs souhaitent que les transfuges ne soient pas dépaysés.

Après Thierry Breton, l’Agence allemande contre la discrimination a également annoncé quitter la plateforme. Elle dit prendre cette décision « en raison de l’énorme augmentation de la haine envers les transgenres et queer, du racisme, de la misogynie, de l’antisémitisme et d’autres contenus haineux », et vise nommément Elon Musk.

Menaces mises à exécution

Le commissaire européen avait menacé dès mardi soir le réseau social X de sanctions, sommant son patron Elon Musk de rendre des comptes sous 24 heures sur la circulation de fausses informations et d’images violentes liées au conflit Israël-Hamas.

« À la suite des attaques terroristes menées par le Hamas contre Israël, nous disposons d’indications selon lesquelles votre plateforme est utilisée pour diffuser des contenus illégaux et de la désinformation dans l’UE », a-t-il écrit dans une lettre à Elon Musk.

Il lui a rappelé ses obligations en matière de modération et de retraits des contenus illégaux qui découlent de la nouvelle législation européenne sur les services numériques (DSA) en vigueur depuis fin août pour 19 grandes plateformes. S’en est suivi un échange entre les deux responsables.

« Notre politique est que tout soit ouvert et transparent, une approche que je sais que l’UE soutient », a répondu le milliardaire directement sur X, quelques heures plus tard. « Merci de dresser la liste des violations auxquelles vous faites allusion sur X, afin que le public puisse les voir », a-t-il ajouté, avant de conclure par « Merci beaucoup », en français.

« Apologie de la violence » sur Twitter

« Vu, merci », lui a répliqué en français Thierry Breton, avant de poursuivre en anglais. « Vous êtes bien conscient des signalements de vos utilisateurs – et des autorités – sur les faux contenus et l’apologie de la violence. C’est à vous de montrer que vous passez de la parole aux actes. Mon équipe reste à votre disposition pour veiller au respect du DSA (le règlement européen sur les services numériques, ou Digital Services Act, NDLR) que l’UE continuera à appliquer rigoureusement », a souligné le commissaire.

Thierry Breton a par ailleurs adressé une lettre à Meta (ex-Facebook), mettant également en garde la firme de Mark Zuckerberg sur la désinformation. « Nous avons eu connaissance de rapports faisant état d’un nombre important de “deep fakes” et de contenus manipulés qui ont circulé sur vos plateformes et dont quelques-uns apparaissent encore en ligne », a-t-il écrit.

Vidéos humiliantes d’otages, corps décapités, assassinat filmé... Les réseaux sociaux ont été inondés d’images violentes mais aussi de tentatives de désinformation, depuis les attaques menées samedi matin par le Hamas, un défi pour les plateformes.

Désinformation

Après son rachat de Twitter l’an dernier, Elon Musk a procédé à une vague massive de licenciements qui a décimé ses équipes de modération. Il réaffirme régulièrement sa vision de la liberté d’expression, refusant toute « censure », même s’il assure que la plateforme respecte les lois de chaque pays en la matière.

Mais Bruxelles s’était déjà inquiété fin septembre du taux de désinformation sur X, épinglant ses mauvais résultats par rapport aux plateformes concurrentes lors de tests. Depuis la semaine dernière, les liens et articles de presse partagés sur X n’apparaissent plus que sous la forme d’une image, sans titre ni description, ce qui risque de réduire le recours aux vrais sites d’information.

Elon Musk lui-même s’est attiré de nombreuses critiques pour avoir incité ses quelque 160 millions de followers sur X à s’informer sur le conflit Israël-Hamas en suivant deux comptes pourtant connus pour répandre de fausses informations. Le milliardaire a ensuite effacé son post mais il avait été vu des millions de fois.

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