“The Changeling” sur Apple TV+, la parentalité n’a rien du conte de fées

Parentalité et récit d’horreur font fréquemment bon ménage. Si bien que les similitudes entre monstres et bébés “sont un sujet de plaisanterie que connaissent bien les parents épuisés : leur bébé est un parasite, un vampire, une sangsue, un mordeur”, relève The Washington Post. Les mythes et légendes, plus ou moins inquiétants, autour de la petite enfance, ne manquent pas non plus, et ont de quoi être revisités. C’est l’ambition de The Changeling, adaptation d’un roman de Victor LaValle de 2017 (paru en français chez ActuSF sous le titre Le Changelin), diffusée par Apple TV+ depuis le 8 septembre.

La critique du quotidien américain Lili Loofbourow estime que le début de la série laisse augurer “une réflexion inspirée sur la maternité et la paternité, portant sur plusieurs générations et doublée d’un conte de fées moderne à l’heure d’Internet – et de ses trolls”.

L’histoire se concentre sur “Apollo Kagwa [LaKeith Stanfield], timide vendeur de livres rares, habitant dans le Queens”, qui tombe éperdument amoureux d’une bibliothécaire, Emma (Clark Backo) et “la poursuit de ses assiduités pour obtenir un rendez-vous qu’elle finit par accepter”, résume The Washington Post. “Ce comportement est souvent présenté comme charmant, mais en nous montrant [dans une série de flash-back] le père d’Apollo, Brian (Jared Abrahamson), faisant essentiellement la même chose avec sa mère, Lillian (Alexis Louder), la série établit un parallèle entre les deux histoires et prend alors un caractère plus sombre.”

Après une longue expédition d’Emma au Brésil – où elle croise le chemin d’une sorcière locale – les deux bibliophiles new-yorkais se retrouvent. Ils se marient et ont un enfant (qui naît dans une rame de métro), mais ce n’est pas la fin du récit où ils vécurent heureux pour le restant de leurs jours.

Tiraillement entre réalisme et symbolisme

Le bébé, également prénommé Brian, se porte bien, mais Emma souffre de ce qui ressemble à une dépression post-partum – à moins que des forces occultes ne soient à l’œuvre ? “La série s’enfonce alors dans le marécage sentimental où évoluent parents et enfants, tout en oscillant entre deux registres : le réalisme social d’un côté […] et le fantastique d’horreur de l’autre.” C’est sur ce point précis que The Changeling se révèle très inégal, souligne The Washington Post, car il ne parvient pas à concilier les deux tons. Dans sa dimension réaliste, la série créée par Kelly Marcel est “captivante, précise et indiciblement ravageuse”. En revanche pour ce qui est du fantastique, “elle frôle le naufrage, accumulant symboles et allusions, références et commentaires méta[physiques], jusqu’à ce que le spectateur se noie sous cette avalanche d’explications.”

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