Textor et Aulas complices, des VIP ravis, une "soirée à l'ancienne"... les coulisses du succès de l'OL face à l'OM

"Une belle soirée de plaisirs, la première de la saison." Cet élu, habitué de la corbeille au Groupama Stadium, a apprécié sa soirée un peu "à l’ancienne". Comprenez avec son parterre d’invités de marque: de Tony Parker à Jo-Wilfried Tsonga en passant par Aurélien Giraud, champion du monde de skate et belle chance de médaille française aux JO de Paris 2024, mais aussi Thierry Braillard, ex-secrétaire d’Etat aux Sports, ou encore des chefs étoilés de la ville, des politiques autour du président EELV de la Métropole Bruno Bernard, et des maires des communes de l’agglomération...

"Toute la famille était réunie", ajoute l’un d’eux, heureux de voir les "ex" et les "nouveaux" vibrer de concert lors la victoire lyonnaise face à l'OM (1-0) dimanche. "John Textor se levait et se retournait régulièrement vers Jean-Michel Aulas, placé juste derrière lui pour évoquer une action, une décision arbitrale ou un ressenti", note celui qui confirme, dans ces faits spontanés, le réchauffement de la fin d’année dernière (et un chèque de plusieurs millions d’euros pour solder les comptes) entre les deux hommes, après des mois d’intenses batailles.

Des airs de grands soirs

Le nouveau boss américain se prend de passion pour le jeu et "son" équipe, dévalant rapidement les étages de la tribune officielle pour partager le succès avec ses joueurs sur la pelouse. Il pouvait lui aussi savourer, après avoir validé le plus gros mercato hivernal de l’OL (56 millions d’euros dépensés) pour (presque) autant d’interrogations et un thème de réflexion: recruter, est-ce se renforcer? Ce succès probant, même avec deux visages (de référence en première mi-temps, de résistance dans la seconde) dessine une pente, cette fois-ci ascendante. "Il n’y a pas d’euphorie, on savoure juste un bon moment, une soirée de fête avec des promesses", résume-t-on dans les loges, où l'on n'avait pas autant vibré depuis longtemps.

A "l’ancienne", pour reprendre le propos utilisé par un VIP cité plus haut, veut dire "vivante": un qualificatif qui fleure bon une certaine nostalgie des grandes soirées. Car les suiveurs des loges, au moins pour ceux qui répondaient présents aux invitations dans l’automne orageux, se souviennent de ce temps, pas si lointain, où le fauteuil du président était peu, pas ou mal utilisé. Envoyant le message d’un club sans boussole.

Dans le vestiaire, on respire

La parenthèse est refermée avec cette nouvelle photo de la tribune où chaque chose a retrouvé sa place: avec le nouveau DG (Laurent Prud’homme), le nouveau directeur sportif (David Friio) et les joueurs arrivés jeudi soir sur le gong du mercato de janvier, la tribune VIP avait de l’épaisseur. Et a souri de nouveau. Mais tout le monde attend de voir. "Tu sais, c’est l’OL", coupe un habitué. Comprenez: capable d’un tel match sans lendemain.

Comme souvent, l’image peut être trompeuse, car elle pourrait laisser croire, tant elle a été partagée sur les réseaux sociaux de la communauté de l’OL, que la légitime joie du vestiaire ne s’est jamais arrêtée. "Elle ne s’est pas éternisée, coupe un membre du staff. Car je peux vous dire qu’il y avait beaucoup de fatigue. J’ai trouvé que c’était même plus sobre que lors de précédents succès!" N’y voyez pas la force de l’habitude: il s’agit simplement du troisième succès à la maison en onze rencontres (pour trois nuls et cinq défaites). Mais plutôt que la suite (un 8e de Coupe de France à la maison) se profile déjà.

Dans moins de 72 heures, c’est déjà le retour sur la pelouse toute neuve du Groupama Stadium, avec deux séances d’entraînements suivies d’une mise au vert mardi soir. Pas question de jour off offert en gage de bonne prestation. Le groupe s’est ainsi retrouvé en fin d’après-midi lundi avec deux programmes au menu: une séance normale pour ceux qui ont peu ou pas joué, et de la récupération pour les autres.

"Lopes a la présence d’esprit d’enlever sa main juste après le rebond sur la barre"

"Il y a du stress aussi à évacuer à la suite d’un avant-match à haute intensité, qui valide tout le travail", constate, satisfait, le staff qui tient son match "référence". "Il sera référence s’il y a une série, et on en est tous conscients", disent en chœur entraîneurs adjoints et joueurs. Avec un sentiment aussi: "celui-là, il aurait pu tout changer". Celui-là, c’est le lob du milieu de terrain d’Amine Harit sur le coup d'envoi.

Avec cette question: Anthony Lopes a-t-il touché le ballon? "Oui, répond un proche du gardien de but. Il l’effleure juste mais a la présence d’esprit d’enlever sa main juste après le rebond sur la barre, sinon..." Sinon, il aurait peut-être marqué un CSC qui aurait fait le tour des réseaux sociaux et amplifié les débats sur la concurrence avec le gardien numéro 3 du Brésil, Lucas Perri, arrivé début janvier.

"C’est plus que trois points", insiste-t-on dans le groupe. C'est un OL-OM. Avec aussi un alignement de planètes. "Entre la première action, le dégagement sur la ligne de Maitland-Niles, qui à un autre moment de la saison aurait pu faire barre rentrante comme sur le but de Martin Terrier avec Rennes, on s’est dit que les mouches avaient changé d’âne", savoure-t-on en interne, où les sourires XXL aperçus à la sortie des vestiaires contrastaient avec les crispations aperçues sur les visages vendredi en conférence de presse d’après-mercato. Il faut dire qu’à ce moment-là, la septième recrue de l’OL, Saïd Benrahma, n’était que virtuelle.

"Ce Matic, quel joueur!"

Certes, l'affluence n’a pas atteint les sommets des précédents OL-OM (57.827 spectateurs, le 22 septembre 2018) avec 46.380 personnes présentes, mais les absents ont eu tort. "Ce fut un match de besogneux, plein d’abnégation à l’image du but d’Alex (Lacazette)", lance un supporter qui savoure d’autant plus que la tribune visiteuse vide de fans marseillais a rendu l’ambiance moins tendue dans le stade.

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"Il y a de belles promesses dans le mercato", insiste un autre, qui imagine un avenir plus serein dans la suite de la saison dans l’opération maintien. En huit semaines et six matches, l’OL a en effet engrangé 12 de ses 19 points. Un rythme... d’européen qui tranche avec la vitesse d’escargot empruntée jusqu’au 10 décembre, date du lancement de l’embellie de Noël (3-0 contre Toulouse, 0-1 à Monaco et 1-0 face à Nantes). "Moi, je les ai sentis costauds et sereins", lance un autre fan, qui rejoint toute la communauté lyonnaise sur un consensus: "Ce Matic, quel joueur! Il a changé notre équipe en apportant un équilibre".

Les Lyonnais désormais moins crispés?

Pierre Sage avait préparé tout le monde à une autre vision du match: "Matic n’a pas chaud au pied quand il reçoit le ballon, avait apprécié l’entraîneur lyonnais dans l’avant-match. Sa froideur envoie des signaux positifs à tout le monde." Mais même prévenus, les fans lyonnais resteront longtemps bluffés par la prestation XXL de l'ancien milieu de terrain de Rennes pour sa première, qui a rendu tout le monde meilleur. Et planté le décor d’un dernier tiers de saison potentiellement moins crispé.

Reste que pour le court terme, les Lyonnais ont stoppé la série de trois succès consécutifs de l’OM face à Lyon, la plus longue en 123 oppositions. Un détail pour beaucoup, mais pour lui, cela veut dire beaucoup. Lui, c’est Alexandre Lacazette, jamais avare d’efforts collectifs et pour une fois, et furtivement individualiste à travers son entame d’interview en zone mixte: "Perso, c’est la première fois que je bats l’OM depuis mon retour", savourait, spontanément le capitaine et unique buteur du match. Preuve que cet Olympico gagné peut rapporter un peu plus que les trois points.

Article original publié sur RMC Sport