«Terre et cendres» pleurs en sourdine

C’est un monde d’après l’apocalypse que décrit l’écrivain Atiq Rahimi dans l’opéra Terre et cendres. Le fracas des armes s’est tu. Reste le silence. Et quelques survivants d’un village afghan anéanti par l’armée soviétique, dont Dastaguir et son petit-fils Yassin. L’enfant parle mais n’entend plus : le bombardement l’a rendu sourd. Parapet. Le vieil homme est muré dans son chagrin. La musique de Jérôme Combier, le compositeur de la partition (lire ci-contre), participe de cette sensation d’un monde suspendu où les bruits sont amortis. La trompette et le trombone utilisent plusieurs types de sourdines, qui en étouffent le timbre. Les violons aussi, d’où sortent des notes feutrées et plaintives. Ce sentiment d’étrangeté est renforcé par la sonorité sourde des nombreuses percussions, dont des gongs chinois et thaïlandais. A l’origine de cet opéra, il y a un court roman d’Atiq Rahimi. L’histoire qu’il conte est simple. Un grand-père, accompagné de son petit-fils, va rendre visite au père de l’enfant, Mourad, à la mine où il travaille, pour lui apprendre la mort de tous les siens. Yassin ne sait pas qu’il a perdu l’ouïe et croit que ce sont les autres qui sont devenus muets. De ce livre, Serge Dorny, le directeur de l’Opéra de Lyon, a souhaité faire un spectacle lyrique. Atiq Rahimi a accepté d’en écrire le livret et la mise en scène a été confiée au Japonais Yoshi Oida, formé au nô, puis membre de la troupe de Peter Brook au théâtre des Bouffes du Nord, à Paris. Lorsque le spectacle commence, Dastaguir et Yassin attendent le passage d’une voiture qui va les emmener à la mine. Dans le livre de Rahimi, et le film qu’il en a lui-même tiré, le grand-père et le petit-fils sont assis contre le parapet d’un pont reliant les deux berges d’une rivière asséchée, dans un paysage de montagnes désertiques grandiose et désolé. Ellipses. Au théâtre de la Croix-Rousse, ils tournicotent dans un décor hyperréaliste de ruines, y compris une carcasse de voiture calcinée. Sur (...) Lire la suite sur Liberation.fr

Aux origines afghanes
«Face à ce texte, il fallait une musique de peu »
Les éditeurs français complices du piratage ?
La phrase
Aux artistes morts, les candidats reconnaissants
Macchabées au fourneau