La Terre est capable de réguler sa température, mais pas assez vite pour nous sauver

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ENVIRONNEMENT - De l’extinction des dinosaures à l’apparition des premiers humains, en passant par des périodes de glaciation, la Terre est pourtant toujours restée… habitable. Du moins pour certaines espèces.

Et pour cause : selon une étude de plusieurs chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT), publiée mercredi 16 novembre dans la revue Science Alert, notre planète serait capable de réguler sa propre température sur le très long terme et ainsi assurer le maintien de la vie. Mais ce ne sera pas suffisant pour nous sauver de la catastrophe climatique qui nous attend.

Selon les chercheurs, la Terre posséderait en effet un mécanisme de « rétroaction stabilisatrice » : il agirait sur des centaines de milliers d’années pour maintenir les températures mondiales dans une fourchette stable et habitable.

« D’un côté, c’est une bonne chose, car nous savons que le réchauffement climatique actuel sera finalement annulé par cette rétroaction stabilisante », explique Constantin Arnscheidt, doctorant du département des sciences de la Terre, de l’atmosphère et des planètes (EAPS) du MIT ayant travaillé sur cette étude.

« Mais cela prendra des centaines de milliers d’années pour se produire, donc pas assez vite pour résoudre nos problèmes actuels », regrette-t-il, sachant que les températures augmentent actuellement extrêmement vite à l’échelle historique de la planète.

L’altération des silicates

Mais comment notre chère planète fait-elle pour s’autoréguler ? Longtemps, les scientifiques ont pensé que le mécanisme d’altération des silicates, lié à ce processus, pourrait permettre de contrôler le dioxyde de carbone et les températures mondiales. En clair, les silicates sont des roches - composant plus de 90 % de la croûte terrestre - qui se transforment sous l’effet de l’érosion, de la sédimentation et autres mouvements telluriques.

Par des réactions chimiques, ils se mêlent au gaz carbonique pour former d’autres minéraux. Le carbone est capturé par les sols mais pourra ensuite être à nouveau libéré dans l’atmosphère - comme dans des éruptions volcaniques, explique un article de L’Obs.

Ce phénomène est donc cyclique, et fait lui-même partie du cycle du carbone : l’atmosphère, les couches superficielles du sol et des océans, et la biosphère échangent du carbone via des processus naturels. C’est ce cycle qui influe sur le climat.

Deux échelles similaires

Les scientifiques se sont ensuite emparés de données sur les changements des températures mondiales moyennes durant 66 millions d’années. Ils ont ensuite calculé l’amplitude des variations de température et montré qu’elles étaient amorties, sur des durées de centaines de milliers d’années.

Ils s’en sont alors rendu compte : cette échelle de variation des températures est similaire aux échelles de temps sur lesquelles l’altération des silicates est censée agir. Ces résultats sont les premiers à utiliser des données réelles pour confirmer l’existence d’une rétroaction stabilisatrice.

« Dans une certaine mesure, c’est comme si votre voiture roulait à toute vitesse dans la rue et que, lorsque vous freinez, vous glissiez pendant un long moment avant de vous arrêter », explique Daniel Rothman, professeur de géophysique au MIT qui a codirigé l’étude. « Il y a une échelle de temps au cours de laquelle la résistance de frottement, ou une rétroaction stabilisante, entre en jeu, lorsque le système revient à un état stable. »

En revanche, sur des échelles de temps plus longues, les données ne révèlent aucun effet stabilisant. « Il y a une idée selon laquelle le hasard a pu jouer un rôle majeur pour déterminer pourquoi, après plus de 3 milliards d’années, la vie existe encore », propose le professeur. De là à se remettre au hasard pour nous sauver du réchauffement climatique ? Il n’y a qu’un pas.

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