La tenue de déporté d'un résistant finalement retirée d'une mise aux enchères après des critiques

Une tenue de déporté retirée des enchères. C’est la décision prise par la société nantaise Salorges Enchères, ce dimanche 5 novembre, a indiqué le quotidien Ouest-France. La vente aux enchères, initialement prévue le vendredi 10 novembre, comptait parmi ses 339 lots, la tenue d’un déporté français estimé entre 300 euros et 400 euros.

Composé d’une casquette, d’une chemise et d’un pantalon, cette tenue avait appartenu autrefois à Francis Richard, un résistant nantais du camp de concentration de Dachau, en Allemagne. Membre du mouvement de Résistance "Vengeance", il avait été arrêté en 1944, avant de pouvoir revenir dans sa région natale à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Retrouvée une dizaine d'années lors d'un vide-grenier, la pièce avait été conservée par un spécialiste avant d'être confiée à la maison Salorges, précise le quotidien régional.

Une vive polémique

La parution du catalogue de Salorges Enchères avait suscité de vives réactions du côté des associations, telles que Le Souvenir Français ou le musée de la Résistance en Bretagne.

"De tels objets mémoriels ont non seulement une valeur historique et patrimoniale, mais aussi une valeur symbolique, incompatible avec le fait de leur attribuer une estimation financière ou de les vendre à un particulier", ont écrit les Amis de la fondation pour la mémoire de la déportation (Loire-Atlantique) à Salorges Enchères.

"La mémoire liée à la tenue des déportés n’est pas ‘marchandable’", ont-ils ajouté.

Ce à quoi le cogérant de la maison d’enchères, Alexandre Kaczorowski a répondu: "Rien n’interdit de vendre ces objets mémoriels, défend. Aux États-Unis, en 2021, une chemise de déporté s’est vendue 15 000 dollars. D’ailleurs, sur le site en ligne où nous publions nos enchères, ce lot a suscité de nombreux ordres d’achat. Mais notre métier, c’est aussi de sauver un certain patrimoine."

Un don à venir ?

Auprès de Ouest-France, la direction de Salorges Enchères a affirmé vouloir "donner [la tenue] à une institution historique". "Du fait que ce défunt déporté était nantais, nous avons invité la maison d’enchères et son client à conserver l’attache mémorielle nantaise et à les remettre à un établissement local comme le château des ducs de Bretagne, musée de l’histoire de Nantes", rapporte Gérald Morillas, président du Souvenir Français, au quotidien régional.

Des associations suggèrent d'offrir la pièce à une institution nantaise, comme le château des ducs de Bretagne ou le musée de l’histoire de Nantes. Le direction du château, Bertrand Guillet, a en effet confirmé à Ouest-France que le musée est déjà en possession de "quatre robes de déportées, six chemises et trois pantalons et tous sont entrés par donation."

Ce n'est pas la première fois qu'une tenue de déporté est retirée des enchères. En 2013, face à l'émoi collectif, un habit de prisonnier, d'un ancien camp de concentration nazi, avait été retiré du catalogue de la maison Delorme et Collin Bocage. Le lot avait été estimé entre 400 euros et 600 euros.

Article original publié sur BFMTV.com