Tarn: devenue hémiplégique après une erreur médicale, elle obtient 600.000 euros et une rente à vie

Une erreur de diagnostic qui a fait basculer une vie. Naïs, 41 ans, est devenue hémiplégique, c'est-à-dire paralysée d'une partie du corps, après une mauvaise prise en charge liée à une erreur médicale en 2017, dans le Tarn.

L'hôpital d'Albi a finalement été condamné le 29 février dernier à lui verser 600.000 euros et une rente trimestrielle de 7.000 euros à vie. Naïs témoigne dans la presse locale ce vendredi 29 mars.

Un malaise sur son lieu de travail

Le 7 mars 2017, Naïs perd soudainement connaissance alors qu'elle travaille comme ATSEM (Agente territoriale spécialisée des écoles maternelles) dans une école d'Albi.

Les secours arrivent rapidement sur place et constatent que la patiente souffre de maux de tête, d'une nuque raide, d'une bouche crispée ou encore d'une intolérance à la lumière. Elle est immédiatement emmenée aux urgences à l'hôpital d'Albi.

Mais sur place, aucune IRM n'est réalisée. Naïs reçoit une simple ordonnance pour du Doliprane et est sommée de rentrer chez elle.

"Je ne marche quasiment plus"

Une dizaine de jours plus tard, elle perd de nouveau connaissance, cette fois à son domicile. "Elle avait un anévrisme qui était en train de rompre et son anévrisme a finalement rompu", indique son avocate, Me Émeline Petitgirard, auprès de France 3.

En état de mort clinique, elle est de nouveau prise en charge par l'hôpital d'Albi, puis dans un hôpital toulousain. Naïs est opérée, puis passe un long mois en soins intensifs. Sa rééducation dure un an.

Un long chemin de guérison, dont Naïs porte encore de lourdes séquelles. Aujourd'hui, elle est hémiplégique. "J'ai perdu l’usage du bras gauche, je ne marche quasiment plus, je suis appareillée", explique-t-elle à France 3 et La Dépêche.

C'est tout le quotidien de Naïs qui est chamboulé, ainsi que ses perspectives. "Avant, j’étais indépendante, avec un compagnon. J’avais trouvé le métier qui me plaisait auprès des enfants. Ils ont gâché ma vie", déplore-t-elle.

Des séquelles évitables, selon son avocate

Aujourd'hui, l'ancienne ATSEM a dû mettre une croix sur son métier, la faute à un visage partiellement paralysé et des problèmes de mémoire. Elle doit aussi être aidée au quotidien.

Pour son avocate, ces séquelles auraient pu être évitées. "Si un scanner avait été réalisé la première fois aux urgences d’Albi, les médecins auraient pu déceler les symptômes de l’hémorragie méningée. Ils auraient pu intervenir dès le 7 mars, la soigner", assure Me Émeline Petitgirard.

"Je suis très en colère contre l’hôpital d’Albi, ma vie est gâchée", dénonce de son côté Naïs.

"Avant, j'avais une vie sociale, j'adorais sortir en boîte avec mes copines. Aujourd'hui, tout ça est fini. Je ne peux plus sortir seule", lâche-t-elle.

L'hôpital d'Albi condamné

Naïs a décidé de porter plainte contre l'établissement et a obtenu gain de cause. Le 29 février, le tribunal administratif de Toulouse a condamné l'hôpital et a accordé 600.000 euros à la patiente pour préjudice, ainsi que 7.000 euros de rente à vie versés tous les trimestres.

Sa famille a également porté plainte au pénal en 2020. Une information judiciaire a été ouverte pour mise en danger de la vie d'autrui par un juge d'instruction.

Naïs salue le soutien de sa famille, sans qui elle ne pourrait pas s'en sortir. "Plus rien ne sera comme avant et même si c'est très difficile, je sais que je ne suis pas toute seule. Ma famille m'a sauvée", souffle-t-elle.

Article original publié sur BFMTV.com